Née en Inde, tout comme le personnage qu’elle représente, l’image du Bouddha s’est ensuite adaptée à des contextes très différents. En témoigne cette sculpture chinoise qui représente Vairochana, le Bouddha cosmique !

Bouddha Vairochana, Chine septentrionale (province du Shandong), dynastie Qi du Nord (550-577), grès avec traces de polychromie, achat réalisé grâce à un mécénat d’Areva, 2003, MA 7106

Ce Bouddha tient un pan de son manteau qui lui couvre les deux épaules et le drape au plus près, sans qu’aucun pli ne masque son corps. Son style fluide rappelle les images indiennes réalisées sous la dynastie des Gupta (4e-6e siècle) à Sarnath, le lieu où le Bouddha a délivré son premier sermon et ainsi fondé la première communauté bouddhique. Par son visage et le traitement retenu de son anatomie, cette sculpture se rattache aux images érigées sous la dynastie chinoise des Qi du Nord, telles celles trouvées dans la province du Shandong.

Les boucles de la chevelure en hélice, semblables à la mèche centrale des images du Bouddha témoignent de la filiation avec l’art des Wei, un peuple de cavaliers des steppes, originaires du cours haut du fleuve Amour, qui favorisèrent la diffusion du bouddhisme en Chine.

La perte du décor peint du manteau ne permet pas de présumer s’il portait simplement la figuration des pièces de tissu de la robe de moine, comme sur nombre d’images contemporaines, ou bien la figuration de scènes évoquant les Trois Mondes de la cosmologie bouddhique, propres aux images du Bouddha Vairochana (l’Illuminateur).

Mais le vêtement couvrant les deux épaules, ainsi que la position de la main droite tenant la robe et celle du bras gauche levé rappellent ceux des images de ce Bouddha, aspect cosmique du Bouddha Shakyamuni.

Cette image répond bien à la volonté d’incarner cet « illuminateur universel » qu’est Vairochana tel que l’enseigne le texte bouddhique du Sutra de l’Ornementation fleurie, concentrant les qualités d’éveil communes à tous les bouddhas du passé, du présent et du futur et diffusant la lumière de ses connaissances dans la totalité des mondes.