Le Vèmedalaï-lama, Ngawang Losang Gyatso (1617-1682)

Monde himalayen
Tibet central, dernier quart du 17ème siècle
83,00 x 72,50 cm
Détrempe sur toile
Le Vème dalaï-lama, Ngawang Losang Gyatso (1617-1682)

Ngawang Losang Gyatso (1617-1682), le Vèmedalaï-lama, est l’une des figures majeures de l’histoire du Tibet. Dans une période politique troublée, et avec l’appui du chef mongol Gushri Khan (1582-1655), il organisa l’unification territoriale du pays au profit des gelugpa, ordre monastique fondé par Tsongkhapa (1357-1419) au début du 15ème siècle.

Dans la scène figurant sous le trône du pontife, on reconnaît Gushri Khan, identifiable au col de fourrure de son manteau, très vraisemblablement à l’occasion de sa rencontre avec le dalaï-lama lors du pèlerinage secret qu’il effectua à Lhassa en 1638.

La « suite » à laquelle appartient ce thangka comptait originellement 19 peintures. Consacrée aux incarnations antérieures du Vèmedalaï-lama, la série débutait par une représentation du bodhisattva Avalokiteshvara, dont les dalaï-lama sont des réincarnations. Elle s’achevait sur la peinture ici commentée, plus complexe et plus riche de détails que toutes les autres. Ngawang Losang Gyatso tient en mains le foudre-diamant et la clochette, ainsi que les tiges des deux fleurs de lotus qui s’épanouissent à droite et à gauche de son visage. Ces dernières contiennent des images miniatures de Padmasambhava, grâce auquel le bouddhisme s’implanta au Tibet sous le règne du roi Trisong Detsen au 8ème siècle, et de Tangtong Gyalpo, grand érudit, médecin, ingénieur et surtout tertön (découvreur de trésors spirituels cachés), qui vécut au 14ème-15ème siècle. Ces deux personnages, liés à la plus ancienne école bouddhique du Tibet, celle des nyingmapa (les « Anciens »), rappellent ici que le Vèmedalaï-lama, en son temps le plus illustre représentant de l’ordre des gelugpa auquel il appartenait, attachait une grande importance aux pratiques et aux enseignements de l’école nyingma.

Outre leur qualité esthétique, les peintures de cette série se caractérisent par la représentation des empreintes de mains et de pieds traitées à l’or disposées autour de la figure centrale de chaque thangka. Au Tibet, l’apposition de telles empreintes participe de certains rituels de consécration des images. Elles sont censées appartenir à la personne représentée ou au commanditaire ; elles ont surtout pour vocation la pérennisation de l’œuvre spirituelle ou d’enseignement du personnage dépeint et constituent une sorte de mémorial de sa personne.

 

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