Exceptionnel car conservé dans son intégralité, ce trousseau de mariée nous est parvenu dans un très bon état de conservation. Il a probablement été réalisé dans un atelier spécialisé de la capitale impériale, Kyoto. Il porte un décor d’éclairs réalisés sur fond noir en laque aventurine et en laque maki-e d’or sous forme de rinceaux.
Au Japon, la pratique de la dot apportée par la famille de la jeune épouse au moment du mariage s’est répandu d’abord dans la classe militaire à l’époque médiévale, puis s’est étendu jusque dans les classes bourgeoises à l’époque d’Edo (1644-1868). Cette dot incluait des sommes en métal précieux, des pièces de soie ainsi que des kimonos et des objets en laque destinés à la nouvelle épouse. Ce trousseau revêtait une importance particulière. Les plus beaux pouvaient prendre quelques années à un atelier entier pour être réalisé. Lors du mariage, en écho au cortège des suites militaires, le trousseau était déployé en défilé dans l’espace public avec de nombreux porteurs jusqu’à la demeure du marié. Tous les objets du trousseau étaient décorés de motifs répétés sur toutes les pièces, donnant ainsi une unité à l’ensemble. Celui-ci incluait notamment du mobilier et des objets pour l’encens, pour la toilette, pour tout ce qui se rapporte à la calligraphie, l’écriture de la correspondance, ou à la lecture de romans. Ces occupations étaient considérées comme des occupations quotidiennes convenables aux femmes de qualité, avec certains jeux de sociétés tels que le backgammon (sugoku), le jeu d’échecs, des jeux de cartes. Les objets destinés au repas et à la nourriture venaient en dernier.

La laque est un matériau de choix au Japon pour la fabrication d’objets utilitaires. Elle permet d’imperméabiliser les objets sur lesquels il est appliquée (poterie, vannerie, ou dans le cas présent un bois tendre tel que le hinoki, une sorte de cyprès) et d’obtenir des objets résistants et légers, imperméables et qui conservent bien la chaleur et le froid, par son pouvoir isolant. C’était le matériau de prédilection d’un pays et d’une classe sociale – la noblesse – souvent en déplacement ; et même dans les intérieurs dépouillés des demeures, les objets en laque pouvaient être facilement déplacés et rangés.
Peu utilisés, ces trousseaux avaient un rôle de représentation dans tous les sens du terme. Ils pouvaient ensuite être offerts en cadeau en signe de reconnaissance et ainsi dispersés ou bien conservés ensemble en mémoire de la personne qui les avait possédés, parfois réintégrés plus tard dans de nouveaux trousseaux pour de nouvelles mariées.