Mandala des cinq Jina

Chine bouddhique - Asie centrale
Fin du 10ème siècle, dynastie des Song du Nord (960-1127)
101 x 61 cm
Peinture sur soie, encre, or
Légende

 

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Richard Lambert

Titre de l'alerte Œuvre non exposée actuellement

Rapportée du célèbre site chinois de Dunhuang, situé au début de la route de la soie, par Paul Pelliot, cette peinture représente un mandala, ou diagramme mystique, bouddhique. Comme souvent pour les œuvres ésotériques, celle-ci demande à être décryptée patiemment.

Dans l’hindouisme puis dans le bouddhisme, un mandala est un diagramme mystique servant de support à la méditation. Il est commandé par une divinité principale entourée de son panthéon selon une organisation complexe.

Celui-ci, consacré sans doute entre 972 et 974 selon ce que l’on peut déduire du nom des parents défunts du donateur figurés en bas de la peinture, a d’abord été identifié comme un mandala dont le souverain est le Bouddha Vairochana, particulièrement vénéré au 8ème siècle en Chine et en Indonésie. Il serait entouré par quatre autres bouddhas (Aksobhya, Ratnasambhava, Amitabha et Amoghasiddhi) avec lesquels il forme un groupe de cinq bouddhas cosmiques ou Jina, qu’aucun de leur geste de méditation ne permet de distinguer. Leur poitrine ronde est maintenue par un "plastron" qui rappelle l’empiècement fleuri du vêtement des nonnes ou des défuntes figurées dans les grottes de Mogao et sur plusieurs peintures portatives de Dunhuang. Il pourrait donc plutôt s’agir de figures féminines, comme le sont les divinités d’offrande, figurées par paire sur des disques lunaires, avec une touffe de cheveux au sommet de leur tiare. Ce mandala ne représenterait donc pas directement les cinq Jina mais des formules mystiques qui leur sont associées. Les divinités d’offrande seraient les contreparties féminines des bodhisattvas incarnant les offrandes rituelles (danse amoureuse, guirlande, chant et danse, puis encens, fleur, flambeau et parfum).

Le sujet ésotérique, l’aspect himalayen et, par-delà, indien, sensible dans le modelé en traits concentriques, les trônes, les auréoles à ondes rayonnantes et les diadèmes des divinités, tout comme les rubans entourant leurs attributs et les chandeliers à trois branches, montrent l’impact de l’époque de l’occupation tibétaine de Dunhuang. En revanche, la coiffure en arceau des défuntes, les tapis ou la fleur que tient le défunt père du commanditaire, indiquent l’influence de l’Asie centrale et en particulier du milieu de Turfan.

L’usage somptuaire de l’or appliqué en feuilles découpées, renvoie aux manuscrits manichéens et aux peintures de Turfan, tandis que la tonalité froide des bleus rappelle celle du lapis-lazuli, dont l’usage est attesté à cette date tardive par quelques peintures et qui aurait pu avoir été apporté à Dunhuang par des réfugiés de Khotan.

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