Sur tout le continent asiatique, l’or tient une place centrale. Présent dans la symbolique bouddhique, le bouddhisme tantrique et, pour une moindre part, l’hindouisme et le jainisme, le lumineux métal ne pouvait que s’inscrire dans une exposition d’envergure. Pour cette occasion le musée national des arts asiatiques – Guimet a choisi d’interroger ses propres collections, dont certaines, ressorties des réserves, restaurées ou nouvellement acquises, viendront former un ensemble de 113 chefs-d’œuvre. C’est avec un regard d’orfèvre que le MNAAG explore et pose ainsi le cadre des échanges du métal inaltérable et des raisons de sa rareté, qu’il soit poudre d’or au Japon, en Chine ou en Corée, émissions monétaires dans l’Afghanistan kouchane ou parure de maharajahs indiens. Les techniques d’extraction et du travail de l’or seront abordées en préambule, avant qu’un florilège de splendeurs ne raconte sa fabuleuse épopée, les raisons de l’attrait et du pouvoir de séduction qu’il suscita en Asie, mille et une histoires en or autour de 113 pièces.
Qu’il s’agisse d’hommage rendu aux reliques de maîtres défunts, d’images d’êtres vénérés, d’objets rituels sur les autels, l’or fut hautement recherché pour sa parfaite pureté comme l’exige la loi bouddhique. C’est d’ailleurs le bouddhisme qui lui ouvre de vastes horizons aux résonances toutes symboliques : comment la lumineuse carnation du Bouddha ne pourrait être mieux évoquée que par l’or ? Vecteur d’éternité, l’or tient dans la parure funéraire, comme dans la conservation de la mémoire, une fonction de premier ordre, offrant à la statuaire de saisir de façon frappante ces facteurs d’unité à l’échelle du continent asiatique, de telle sorte que lorsque l’or est absent, le bronze ou le bois doré en jouent les substituts.
Quand l’or fréquemment mentionné est stimulé dans les sutras, les vêtements rapiécés des compagnons du bouddha historique deviennent les prétextes à la création de luxueux patchworks à bande d’or, tout comme l’or présent dans le costume de Lucknow, dernier bastion de l’Inde moghole. Promesse d’éternité, l’or défie le temps humain et joue la transmission : l’empereur de Chine, Qianlong, ne fit-il pas calligraphier à l’encre d’or des plaques de jade, ses propres écrits sur l’éthique et la philosophie en politique, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire ?
Investi de la symbolique du pouvoir et de la richesse, l’or et ses fastes sont évoqués à travers le matériel archéologique mais aussi la production d’objets de luxe dans l’Inde moghole. En Afghanistan, durant la dynastie kouchane (1er-3e siècle), le monnayage en or apparaît et la monnaie d’or qui fait référence à l’irruption des nomades dans le monde sédentaire, exprimait aussi l’immense prestige et la puissance du souverain, l’Altaï étant la source de l’or. En écho au monde des steppes, certains objets archéologiques tel que la couronne typique du royaume de Silla (5e-6e siècle) provenant d’une tombe de Kyongung en Corée, attestait de l’importance du faste au temps des Trois Royaumes.
Au Japon, l’or habille de grâce les éblouissants objets de laque, les paravents et textiles de l’apogée bourgeoise, les plus raffinés comme les plus frivoles du monde flottant, rappelant ici que la fascination pour le métal magique n’empêche pas le vieil adage : « tout ce qui brille n’est pas d’or ».
Parcours enfant
Un parcours jeux dans l’exposition 113 Ors d’Asie pour devenir un véritable chasseur de trésor ! Une dizaine d’œuvres seront identifiées pour les enfants, une courte explication, un jeu et un indice sur l’objet suivant pour leur permettre de comprendre, d’observer et de s’amuser…
Partenariat média :
Le catalogue de l’exposition
113 Ors d’Asie
Précieux et inaltérable, porteur d’un immense prestige, expression de la puissance souveraine – qu’elle soit séculière ou divine –, l’or tient une place centrale dans toute l’Asie. Son éclat et ses vertus d’incorruptibilité en font le symbole de prédilection du bouddhisme, du bouddhisme ésotérique et, pour une moindre part, de l’hindouisme.
Poudre d’or au Japon, en Chine ou en Corée, monnaie dans l’Afghanistan kouchane ou parure de maharajahs indiens, d’Est en Ouest du continent asiatique l’or métamorphose en images saisissantes les sculptures de bronze, de bois ou laquées et consacre la valeur éternelle des textes saints.
À travers un florilège de trésors, cet ouvrage explore l’universel sujet, pose le cadre des échanges du rare métal, de ses symboliques et des diverses techniques de travail dont il est l’objet : mille et une histoires en or autour de 113 chefs-d’œuvre des collections du musée national des arts asiatiques – Guimet.
Une coédition Silvana Editoriale et MNAAG
Sous la direction de Sophie Makariou, commissaire générale et présidente du MNAAG
216 pages
143 illustrations
35 €
Autour de l’exposition
Visite commentée de l’exposition
Tous les samedis à 14h
Durée : 1h30
6,30 euros / 4,80 euros
Holy, Carte blanche à Prune Nourry
21 juin 2017
Prune Nourry installe une nouvelle œuvre à l’occasion de l’inauguration de l’exposition le 21 juin. Complétant le bouddha géant fragmenté entre les étages du musée qui a été installé le 19 avril, Prune Nourry dévoile, à l’entrée de l’exposition, au rez-de-jardin, l’empreinte du pied correspondant dans la cour khmère. Explorant la notion de géographie religieuse et prophétique, une place importante est accordée à l’empreinte sacrée, relique immatérielle et incorporelle, puissamment syncrétique.
La Nuit en plein jour
Dimanche 2 juillet 2017 à 15h
Gratuit (premier dimanche du mois)
Catastrophe s’inspire de l’exposition lors du premier dimanche du mois de juillet. Dans la cour khmère des voix se parlent pour la première fois dans l’espace peuplé de statues de la cour khmère. Dans la nuit, elles cherchent la lumière, or sans matière. Catastrophe est né du désir d’une poignée de jeunes gens de s’associer pour révéler les possibilités hallucinatoires du réel. Imaginant de nouveau rites et mythes anciens pour chercher la beauté du réel, se jouant des formes traditionnelles avec le goût du futur, Catastrophe est résolument protéiforme.
Informations pratiques
Réservations
Photo : Vishnu (détail), Népal, 16e siècle, Cuivre doré avec traces de polychromie, H. 78 cm ; L. 63 cm ; prof. 34 cm, Dation, 2012, MA12493, (C) RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier