Le décor du couvercle montre un jardin et un pavillon où médite le prince Kaoru, assis près de son écritoire, et à l’opposé duquel des montagnes se détachent sur un fond en hirameji, suggérant des crépuscules à la manière des paysages du Yamato-e. Le premier plan montre des tiges de chrysanthèmes et de campanules couchées par le vent et représentées avec naturalisme : ce décor est repris sur le revers du couvercle et sur le plateau intérieur de l’écritoire. Celui-ci contient quatre boîtes à encens, dont le décor évoque un chapitre du livre LII du « Dit du Genji » (Genji monogatari) : un bouquet de fleurs de mauves dans un bassin de laque, un rossignol chantant parmi des rameaux de pins et de pruniers, deux grillons sur des fleurs d’automne.
Orné dans un style alliant la somptuosité des ors à la délicatesse du dessin, cet écritoire illustre de la même façon l’aspect éminemment pictural du travail du laque au début du XVIIIe siècle. La perfection technique n’entrave ici en rien le charme éthéré de l’expression, et l’artiste a su transcrire toute la nostalgie du « Dit du Genji ».
La laque est étalée sur une âme de bois en plusieurs couches, avec des temps de séchages et de ponçages indépendants. La technique du décor maki-e (peinture parsemée), consiste à semer de la poudre d’or et d’argent sur un décor préalablement dessiné en laque et recouvert d’autres couches de laque. La pratique de la calligraphie et de la composition poétique était l’apanage des femmes de seigneurs et des aristocrates. Ainsi, l’écritoire, le coffret destiné au papier et la table basse formaient un assortiment au décor homogène. De tels ensembles furent largement diffusés à l’époque d’Edo caractérisée par l’émergence d’une nouvelle culture citadine et bourgeoise, issue du développement économique et de la prospérité des grandes villes.
D’après H. Bayou.