Ce visage, encadré d’une coiffure radiante, dégage une force expressive que renforce le traitement chantourné et déchiqueté des sourcils, de la moustache et de la barbe, selon un mode typique du début du XVIIe siècle. Le troisième oeil frontal permet d’identifier cette figure de Bhairava comme la manifestation farouche de Shiva. Sa coiffure est scandée de fleurons rehaussés de médaillons de pierres bleues et ses oreilles aux lobes percés devaient probablement supporter une parure de matière précieuse. Par son ornementation chargée, délicate et raffinée, cette pièce est caractéristique de l’art de la population neware de la vallée de Katmandou.
Sa réalisation en cuivre emploie les techniques aussi variées que la sculpture, le martelage, le repoussé, l’incrustation et la polychromie. Durant les festivités du Pachali Bhairabjatra, et de l’Indrajatra qui se déroulent à la fin septembre dans la ville de Katmandou, des masques du dieu hindou Bhairava sont disposés devant les temples et les maisons privées. De ces figures de divinité, qui ne sont jamais portées par des danseurs, sortent des flots de bière et d’alcool de riz bus par les dévots. La bière et le vin sont considérés comme prasad ou « don » de ce dieu. Ces pièces peuvent être également en terre cuite ou en bois et atteignent dans certains cas d’assez grandes tailles.
Les Newars ont hérité de la culture, de l’influence artistique et de la religion de l’Inde. Les masques constituent une extension de leur production statuaire qui connut une grande diffusion dans l’ensemble de l’Himâlaya.