Une adaptation parfaitement réussie ! Malgré des influences chinoises et même européennes indéniables, ce paravent à six panneaux est une œuvre authentiquement et profondément coréenne.

Les paravents sont des objets mobiliers qui servent à structurer l’espace intérieur des habitations et qui, de ce fait, peuvent remplacer une cloison, tout en ayant une fonction décorative. Ils font leur apparition dans la Chine antique mais il faut attendre le 7e siècle pour qu’on en trouve au Japon et en Corée. Quant à l’Europe, elle ne les connaîtra qu’à partir des temps modernes, lorsque les compagnies des Indes orientales en populariseront l’usage en important des exemplaires depuis l’Extrême-Orient.

Les paravents coréens se distinguent par leurs qualités éminemment décoratives. C’est le cas de cet exemplaire qui a été offert au musée par le grand artiste Lee Ufan (né en 1936) et qui appartient à la catégorie des Chaek’kori, c’est-à-dire des peintures représentant sur des étagères des livres et d’autres objets associés à l’univers des lettrés. Au-delà de sa dimension décorative – le paravent offre presque un trompe-l’œil remplaçant une véritable bibliothèque – cette iconographie entend célébrer l’idéal confucéen, cette école philosophique, morale et religieuse originaire de Chine qui édicte des règles de comportements pour une société harmonieuse et qui prône les vertus de l’étude. La Corée de l’époque Choson (1392-1910) a notamment été marqué par un néo-confucianisme élevé au rang de doctrine d’État, au détriment du bouddhisme. À cet égard, un paravent tel que celui-ci a donc valeur de manifeste.