L’appellation maebyong de ce grand vase est la transcription coréenne du célèbre terme chinois meiping. Déjà prisé par la dynastie chinoise des Song du Nord (960-1127 de notre ère), ce type de création est considéré comme un véritable tour de force des céramistes Koryô, dont la renommée est universellement louée.
Cette oeuvre porte un décor de fleurs, délicatement exécuté sous la couverte céladon aux reflets bleu-vert. A la base, une couronne de pétales de lotus épouse avec finesse la forme élégante de la pièce. Ce maebyong, à l’équilibre parfait et au profil harmonieux, est typique de l’âge d’or de la production des céramistes Koryô. Il présente un décor gravé encore très proche de l’esthétique chinoise et du modèle développé par les Song du Nord. En revanche, sa teinte légèrement bleutée est spécifiquement coréenne. Les motifs floraux incisés sous couverte témoignent d’un naturalisme certain, d’un goût marqué pour la géométrie et pour la ligne souple. La sobriété de ce vase atteste à cette époque de la prédilection des artisans de la péninsule pour les décors monochromes et la matière presque nue. A regarder cette pièce, on comprend que leurs recherches portent essentiellement sur le matériau même, afin de trouver la teinte idéale. Les courbes et les volumes pleins, particulièrement prisés, font également partie des constantes de la céramique Koryô et trouvent des échos dans les oeuvres contemporaines en bronze.
Quant à la forme du maebyong, on la retrouve aussi comme support d’une technique nouvelle, apparue au cours du XIIe siècle et reconnaissable à l’incrustation de barbotine blanche ou noire, que l’on appelle sanggam. Cette catégorie raffinée, témoigne d’une évolution décorative propre à la Corée, qui illustre parfaitement la sensibilité qui prévaut à la fin de l’époque Koryô.