Ces récipients à trois pieds mammaires et sommet fermé qui leur vaut le nom de fengding he sont probablement issus de prototypes néolithiques en céramique qui évoquent à leur tour des modèles en métal, martelés et rivetés mais dont il ne subsiste aucun témoin. Les exemplaires de bronze sont généralement dotés d’un haut bec verseur tubulaire à l’avant du dôme couvert. La disparition de ce bec au profit de celui très naturaliste d’un oiseau de nuit du type hibou aux yeux ronds et petites oreilles est sans doute à mettre au compte de l’apparition de ce motif animal dans la seconde période de l’époque Shang (bronzes zoomorphes de type you et zun ou bien, véritable ronde bosse comme l’étonnant marbre conservé à l’Academia Sinica de Taipei). Les fengdig he de cette forme sont particulièrement rares, seuls deux autres exemplaires sont connus, l’un conservé au Japon, l’autre au musée de Los Angeles. Au vu du style plus descriptif de la frise décorative qui ceinture le col de ces deux verseuses, il semblerait que celle du musée Guimet appartienne à la dernière étape de l’histoire très courte de ces bien curieux bronzes rituels.