Le décor de ce vase « Mille Fleurs » juxtapose des centaines de chrysanthèmes, corolles, pivoines, lis, volubilis, roses, lotus, magnolias. Les caractéristiques exactes de ces fleurs, mais aussi le volume marqué par des couleurs légèrement ombrées, sont rendus avec un sens aigu de l’observation, en une prouesse de combinaison d’émaux vifs produisant des jeux impressionnistes sans cesse renouvelés. L’effet final, pareil à un somptueux brocard, au même titre que le jade, le bronze ou la soie, traduit cette volonté, durant la période Qianlong, d’imiter différentes matières. Ces recherches techniques poussées nuisent néanmoins souvent à l’unité d’ensemble des pièces. De plus, l’épaule basse très renflée et le pied large de ce vase, reflètent les formes des céramiques du règne de cet empereur, qui peu à peu perdent de leur grâce.
Cette pièce constitue un véritable tour de force sur le plan technique, utilisant la palette de la Famille Rose caractérisée par un pigment dérivé du pourpre de Cassius, un chlorure d’or, mais aussi le jaune d’antimoniate de fer, le vert d’oxyde de cuivre, et l’orange résultant d’une utilisation à densité variable d’oxyde de fer. Ces pigments étaient mélangés dans un émail au plomb et silice qui nécessitait une seconde cuisson au « Feu de Moufle » aux environs de 800-850°c.
A la façon d’un ultime feu d’artifice, ce vase illustre l’exubérance de la dernière période inventive des potiers chinois.