Cette bouteille piriforme au galbe élancé est en bronze doré et son décor argenté s’organise en trois registres horizontaux figurant des montagnes et des nuées, symboles du monde mythique des immortels dont on imaginait qu’ils résidaient en des îles lointaines et montagneuses et parcouraient en volant les vastes étendues du ciel. Ce thème est fréquent à l’époque Han et bien souvent, comme sur les cercueils peints en laque de Mawangdui, les nuages et montagnes sont peuplés d’êtres et animaux fantastiques. La relative sobriété du décor de ce hu l’apparenterait donc plutôt au style généralement plus sévère des régions du nord de la Chine, sévérité n’excluant pas pour autant la somptuosité.
La dorure à l’amalgame de mercure, pratiquée depuis longtemps, s’enrichit au début de l’époque Han de l’argenture posée selon les mêmes méthodes. Utilisées conjointement elles créent un plaisant contraste de couleurs, et dans ce cas, il semble que l’on ait d’abord préféré un décor doré sur fond argent. L’inverse n’apparaît qu’un peu plus tard et c’est la raison pour laquelle, le hu du musée Guimet ne peut être antérieur au IIe siècle av. notre ère.
La chaîne de suspension à six maillons est fixée aux extrémités en forme de tête de cheval de la poignée. Une inscription sous la base précise : « Vase hu peint d’or et d’argent, contenance, 2 boisseaux, poids avec le couvercle, 11 livres et 4 onces (propriété) de la famille Guanyi ». Les hu à chaîne de suspension apparaissent au VIe siècle. av. notre ère inspirés, semble-t-il, des pratiques nomades. Le hu MA 1076, est un des derniers modèles de vases à vin en bronze. Ils seront bientôt remplacés par les hu en poterie polychrome, moins coûteux et mieux adaptés au mobilier funéraire auquel les voue la disparition des bronzes rituels.