Taillée dans un rognon de néphrite particulièrement gros, ce morceau de jade est calqué sur le fruit réel, le cédrat (citrus medica var. sarcodactylis) dont la peau épaisse et digitée sert dans des préparations médicinales ou de confiserie bien que du fruit frais émane déjà un puissant parfum. Il en reproduit très précisément les formes baroques – à l’exception bien sûr de la cavité ménagée entre ses plis qui en fait un vase à eau – ainsi que les pousses feuillues issues du pédoncule. Offert comme gage de bonheur pour le Nouvel An en Chine, il embaumait dans les maisons et l’on dit même que l’impératrice Cixi en préférait l’odeur à celle de l’encens. Ces extraordinaires digitations qui ressemblent à de longs doigts effilés ont été assimilées à la gestuelle bouddhique des mûdra, d’où son nom et les qualités bénéfiques qui lui sont attribuées. La prononciation chinoise des mots Fo shou signifiant « main-de-Bouddha, se rapproche en effet phonétiquement des mots fu, bonheur et shou, longévité, et de ce fait, le fruit à lui seul constitue une sorte de rébus de bon augure en trois dimensions, un jeu d’esprit visuel particulièrement apprécié et répandu sous les Qing.

Cédrat dit « main-de-Bouddha »
Dynastie des Qing (1644-1911), XVIIIe siècle
Néphrite sculptée
22 x 31 x 5 cm
Legs Isaac de Camondo, 1906
EO 1576
© Guimet