Datant du 16e siècle, cette superbe sculpture réalisée à la technique de la cire perdue représente un personnage dont l’identité peut sembler au premier abord énigmatique…

Le cuivre était, dans la vallée de Kathmandou, un matériau de prédilection, dans le travail duquel les artisans newars étaient passés maîtres. Les Newars, ethnie népalaise de langue tibéto-birmane, avaient fondé dans cette vallée, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne, une civilisation très brillante, largement influencée par celle de l’Inde. Leur savoir-faire leur valut une grande réputation, qui s’étendit au Tibet et en Chine, les œuvres métalliques étant réalisées selon la technique de la cire perdue ou bien au repoussé, ainsi que c’est ici le cas, puis dorées au mercure et incrustées de pierres dures. C’est durant la dynastie des Malla (1200-1768), qui porta le royaume à son apogée, que furent produits les plus beaux témoignages de cet art.

Vishnu, Népal, 16e siècle, cuivre doré avec traces de polychromie, dation, 2012, MA 12493

L’identité de ce personnage apparaît assez énigmatique de prime abord ; il a, en effet, perdu les attributs rapportés dont ses mains étaient dotées et qui auraient pu permettre de l’identifier formellement. Néanmoins, il s’agit probablement du dieu hindou Vishnu : le décor tubulaire qui accompagne les fleurons de sa tiare, est visible sur d’autres coiffes qu’il porte dans l’art du Népal. En outre, la position de ses bras est comparable à celle qu’il présente sur d’autres sculptures métalliques ayant, elles, conservé les attributs qui caractérisent Vishnu. La tête et le regard baissés permettent de supposer que l’image était placée en hauteur, sur une base qui a disparu. Il devait s’agir d’un socle orné de pétales de lotus, complété peut-être par une figure de l’oiseau solaire Garuda, monture du dieu. La position élégamment déhanchée de la sculpture, la sensibilité de l’expression de son visage, la délicatesse de ses mains et de son modelé sont des caractéristiques dont les sculptures plus tardives seront le plus souvent dénuées.