Ce Suzukake est un manteau de Shûgenja, moine pèlerin du bouddhisme ésotérique menant une vie d’ascète dans les montagnes. D’une coupe droite, c’est un exemple dans lequel la grossièreté du matériau et la simplicité du tissage sont un moyen de mettre en valeur l’importance du message religieux transmis par la calligraphie, transformant alors ce costume en mandala ou diagramme mystique.

Toile de chanvre, calligraphie, sceaux
117×130 cm, MA11849 (AEDTA 4015)
Dans la partie haute de la pièce, quatorze lettres (bīja), dérivées d’une écriture indienne indiquent des noms de divinités du panthéon bouddhique. Ainsi, au dos du manteau sont évoqués les Cinq Grands Rois de la Science (Godaimyōō), trois aspects de Mahāvairocana, dont l’un sous une forme courroucé accompagné de deux acolytes, et enfin Bonten ou Brahmā et Taishakuten ou Indra, deux figures héritées de la tradition indienne et métamorphosées, dans le bouddhisme, en couple protecteur de la Loi. A l’avant du vêtement sont évoqués de nouveau les trois aspects de Mahāvairocana. En outre, au dos, dans la partie inférieure de la pièce, sont calligraphiés en caractères chinois six noms de divinités.
Un grand nombre de marques xylographiques et de sceaux sont apposés un peu partout sur la pièce. Bien que certains soient flous, et que l’encre indienne ait parfois dégorgé, il est possible de distinguer une image représentant Fudō-myōō couronné de flammes et une autre de En no Gyōja dans un décor de montagne. Au dos de la manche gauche, un Shugenja habillé de façon traditionnelle est assis dans une attitude respectueuse. Les nombreux sceaux correspondent à des noms de temples. Peut-être sont-ils des témoignages de pèlerinages.
Le pèlerin à qui appartenait ce manteau avait inscrit ses souhaits et résolutions à l’intérieur du col. Les deux lignes écrites à la brosse se terminent avec cette phrase : « Sokushin jōbutsu », ou « Désormais, Bouddha et moi seront une seule et même personne ».