Une scène à la fois classique et décalée. On trouve souvent dans les albums japonais de la fin du 19e siècle des photographies de femmes ramassant des coquillages, une activité courante le long des plages.
Ainsi le catalogue de Kusakabe Kimbei de 1892 ne propose pas moins de trois épreuves différentes intitulées « Shell Picking » (no269, 270 et 695). À priori, c’est le sujet de cette image, mais en regardant de plus près, la femme sur la droite tient entre ses mains un grand poisson et l’autre semble être dans une posture un peu figée de surprise. Il est en effet surprenant d’attraper un grand poisson à mains nues dans 20 cm d’eau… Cette photographie est donc probablement une parodie (mitate) de la collecte des coquillages. Il y a souvent un peu d’humour dans les Yokohama shashin (albums de photographies touristiques) mais il n’est pas toujours perceptible.
Kozaburo Tamamura (1856-1923 ?), Pêcheuses en bord de mer, Japon, début des années 1890, épreuve à l’albumine sur papier, H. 320 ; L. 415 mm (album), H. 242 ; L. 193 mm (image), AP15932
Cette photographie, bien qu’arrangée, a la fraîcheur d’un instantané. Quelques années auparavant, au temps de la prédominance du procédé au collodion humide (environ 1860-1885 au Japon) les temps de pose interdisaient les mises en scènes en extérieur. Les jambes nues des femmes, qui ont retroussé leurs kimonos, donnent une légère charge érotique à cette image. Les pêcheuses de coquillages étaient un thème récurrent des estampes japonaises mais sa version en photographie est ici plus pudique…
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