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Dynamique et finement exécutée, cette figurine de terre cuite représente une femme jouant au polo. Parfaitement conservée, elle nous offre un aperçu de la vie de cour sous la dynastie Tang en Chine au milieu du 8e siècle.

Les pratiques funéraires de la Chine ancienne donnaient une place importante au tombeau qui constituait le trait d’union entre deux existences. Ainsi, le soin apporté à décorer la chambre mortuaire incluait le dépôt de figurines réalisées en bois puis en terre cuite auprès du défunt afin de lui assurer un luxueux séjour dans l’au-delà.

Ces substituts funéraires, représentations miniatures de personnages, animaux ou encore objets sont appelées des mingqi, « objets miroirs ». Trouvées en nombres importants dans les tombes des dynasties Han (206 av.-220 ap. J.-C.), Wei (386-534) et Tang (618-907), elles sont un riche témoignage de la vie féodale, attestant une volonté de survie après la mort. Sont souvent représentées des scènes de chasse et de guerre mais aussi, à partir de l’époque Tang, des moments de vie plus profanes tels des concerts ou encore des jeux.

Sous le règne de la dynastie Tang, l’empire chinois connaît un premier âge d’or. Le pays est unifié, les échanges, grâce à la Route de la soie et les voies maritimes méridionales assurent prospérité et rayonnement. Chang’an (actuelle Xian), sa capitale, est la plus grande ville du monde. C’est aussi à cette époque que sont mis en place les examens impériaux qui donneront naissance à la classe des Lettrés, des fonctionnaires civils confucéens pratiquant les arts de la peinture et de la poésie. Cette période d’apogée est propice au développement des loisirs : jeux de tables, conteurs, spectacles de danse et musique se développent et les activités extérieures se multiplient, incluant hommes et femmes de toutes générations. Il y va ainsi du tir à l’arc, de la chasse ou de la conduite de chars mais aussi du jeu de polo (« jiqiu », se pencher et frapper la balle), qui fut introduit à la cour Tang par la Route de la soie.

Joueuse de polo, Chine du Nord, dynastie Tang (618-907), vers 750, terre cuite rouge engobée et peinte, donation Jacques Polain, 1993, MA 6116

Il est intéressant de noter le soin avec lequel l’artisan qui a produit cette joueuse de polo a retranscrit la tension du geste de la cavalière, sa concentration dans le suivi de la balle tout comme la fougue du cheval saisi dans un bond. La finesse de la représentation de la tenue (veste, pantalon et bottes), mais aussi de la coiffure (petit chignon) et du harnachement de la monture sont caractéristiques des productions délicates de cette période.


Polo player

Dynamic and finely executed, this terracotta figurine represents a woman playing polo. Perfectly preserved, it gives us a glimpse of court life during the Tang Dynasty in China in the mid-8th century.

Funeral practices in ancient China gave an important place to the tomb, which was the link between two lives. Thus, the care taken to decorate the burial chamber included the deposit of figurines made of wood and then terracotta with the deceased in order to ensure a luxurious stay in the afterlife.

These funerary substitutes, miniature representations of characters, animals or objects are called mingqi, « mirror objects ». Found in large numbers in the tombs of the Han (206 BC-220 AD), Wei (386-534) and Tang (618-907) dynasties, they are a rich testimony to feudal life, attesting to a desire to survive after death. They often depict hunting and war scenes, but also, from the Tang period onwards, more secular moments of life such as concerts and games.

During the reign of the Tang Dynasty, the Chinese Empire experienced one of its golden ages. The country was unified, and trade, thanks to the Silk Road and the southern maritime routes, ensured prosperity and influence. Chang’an (now Xian), its capital, was the largest city in the world. It was also at this time that the imperial examinations were set up, which gave rise to the class of Literati, Confucian civil servants practising the arts of painting and poetry. This peak period is conducive to the development of leisure activities: table games, storytelling, dance and music shows develop and outdoor activities multiply, including men and women of all generations. These include archery, hunting and chariot driving, as well as the game of polo (« jiqiu », bending over and hitting the ball), which was introduced at the Tang court by the Silk Road. It is interesting to note the care with which the craftsman who produced this polo player transcribed the tension of the rider’s gesture, her concentration in following the ball as well as the ardour of the horse caught in a leap. The delicacy of the representation of the outfit (jacket, trousers and boots), but also of the hairstyle (small bun) and the harnessing of the horse are characteristic of the delicate productions of this period.