[English below]
Depuis la réouverture du MNAAG en 2001 après plusieurs années de travaux, le grand escalier conçu par Henri Gaudin est devenu le cœur névralgique du bâtiment, l’espace vers lequel tout converge, le lien vertical magnifié qui d’une certaine manière, renoue avec la tradition des escaliers baroques.
Henri Gaudin est né en 1933. Auteur de nombreux édifices publics, il s’illustre à Paris avec la reconstruction du stade Charléty qu’il réalise en collaboration avec son fils Bruno de 1991 à 1994. Les Gaudin se voient confier à partir de 1993 le projet de restructuration complète du MNAAG.
Le musée fait alors figure de « vieille maison ». Les intérieurs créés du temps d’Emile Guimet ont été considérablement modifiés dans les années 30 sans être par la suite modernisés. Du musée ancien, Les Gaudin ne conservent que l’enveloppe ainsi que le cylindre de la rotonde principale (vestibule d’entrée, bibliothèque historique sur deux niveaux). Le reste est entièrement recomposé afin de permettre une meilleure accessibilité aux collections.
Le grand escalier conçu par Henri Gaudin constitue le morceau de bravoure de son projet. Il remplace l’ancien escalier principal situé dans l’axe du hall et simplement éclair par une haute fenêtre ouvrant sur une cour jardin intérieure par la suite couverte pour y présenter les collections. La création d’Henri Gaudin est l’opposé de l’escalier d’origine. D’espace purement fonctionnel et fermé, sans traitement spécifique, il devient le point de mire pour tout visiteur, un geste architectural qui n’est pas sans rappeler deux bras qui embrassent le visiteur.

La structure relativement sombre de l’ancien escalier à volées droites se transforme en un lieu lumineux et ouvert. Par son usage virtuose du béton moulé, l’ascencion vertigineuse de colonnes coulées dans des planches de bois dont est conservée l’empreinte à l’issue du moulage, la puissante rencontre de la courbe et de l’escalier produit un effet puissant ; les paliers intermédiaires et principaux ouvrent largement sur les collections par des échappées surprenantes sur la grande cour khmère ou les galeries des étages visibles par de grandes baies vitrées. D’un étage à l’autre, les formes changent et évitent tout sentiment de répétition, dévoilant à chaque niveau de nouvelles perspectives.
Son escalier, Henri Gaudin en compare les paliers à des promenoirs de paquebot et rappelle que ses rambardes ne sont pas sans évoquer des bastingages métalliques qui portent le regard au loin alors que ses retournements évoquent des vagues…
Son escalier, Henri Gaudin en compare les paliers à des promenoirs de paquebot et rappelle que ses rambardes ne sont pas sans évoquer des bastingages métalliques qui portent le regard au loin alors que ses retournements évoquent des vagues…
The grand staircaise of the museum
Since the reopening of the MNAAG in 2001 after several years of renovation work, the grand staircase designed by Henri Gaudin has become the nerve centre of the building, the space towards which everything converges, the magnified vertical link which in a way revives the tradition of Baroque staircases.
Henri Gaudin was born in 1933. Author of numerous public buildings, he distinguished himself in Paris with the reconstruction of the Charléty stadium which he carried out in collaboration with his son Bruno from 1991 to 1994. In 1993, the Gaudins were entrusted with the complete restructuring of the MNAAG.
At the time, the museum looked like an « old house ». The interiors created at the time of Emile Guimet were considerably modified in the 1930s without being subsequently modernised. Of the old museum, the Gaudins only kept the envelope and the cylinder of the main rotunda (entrance hall, historical library on two levels). The rest has been entirely reconstructed to allow better access to the collections.
The grand staircase designed by Henri Gaudin is the purple passage of his project . It replaces the old main staircase located in the axis of the hall and simply illuminates by a high window opening onto a courtyard garden which is later covered to present the collections. Henri Gaudin’s creation is the opposite of the original staircase. From a purely functional and closed space, without any specific treatment, it becomes the focal point for every visitor, an architectural gesture that is not without recalling two arms embracing the visitor.
The relatively dark structure of the old straight-flight staircase is transformed into a bright and open space. Through its virtuoso use of cast concrete, the vertiginous ascent of columns cast in wooden planks whose imprint is preserved after casting, the powerful meeting of curve and straight line, the staircase produces a powerful effect ; the intermediate and main landings open widely on the collections by surprising escapes to the large Khmer courtyard or the galleries on the upper floors, visible through large bay windows. From one floor to another, the shapes change and avoid any feeling of repetition, revealing new perspectives on each level.
Henri Gaudin compares the staircase’s landings to the promenades of an ocean liner and reminds us that its railings are reminiscent of metal railings that carry the gaze into the distance while its reversals evoke waves…
Illustrations : 1. Stéphane Ruchaud / 2. Nicolas Alpach