« Cette création d’où émane-t-elle ? A-t-elle été fabriquée ? N’a-t-elle pas été fabriquée ? Celui qui veille sur elle au plus haut du ciel, le sait-il ou ne le sait-il pas ? »

Rg Veda (texte religieux indien)

Avant de commencer

On explique les débuts du monde de façons différentes en fonction des croyances et des connaissances propres à chaque culture ou à chaque période de l’histoire. Parfois, on choisit de s’en tenir à un récit, dans d’autres circonstances plusieurs récits ou plusieurs hypothèses scientifiques.

En Inde, plusieurs récits parlent des débuts du monde, en voici un.

Au commencement du premier âge, on se rendit compte que les choses les plus précieuses avaient été perdues durant le déluge et reposaient au font de l’océan de lait. Les dieux résidaient alors sur le Mont Mandara au centre de l’univers. Le seigneur Vishnu leur conseilla pour fortifier leur pouvoir de baratter l’océan de lait pour en obtenir la liqueur d’immortalité. Aidés des démons asura qui convoitaient eux aussi cet élixir, ils décidèrent d’enrouler le grand serpent Vasuki autour du Mont Mandara. Les dieux prirent en main une des extrémités du serpent et les démons l’autre extrémité. En tirant alternativement vers eux les extrémités du corps du serpent, ils firent bientôt pivoter l’axe du monde. Le sol étant encore instable, il était toutefois impossible de baratter l’océan. Le seigneur Visnu sous la forme d’une tortue descendit alors au fond de l’océan pour servir de support à la montagne.

Les dieux et les démons barattèrent avec tant d’ardeur qu’il en résulta une immense chaleur. Puis, apparurent à la surface tous les trésors : la liqueur d’immortalité, le dieu médecin, Lakshmi la déesse de la beauté et de la fortune, la déesse de l’ivresse et de la joie, le joyau magique, l’arbre qui exauce les désirs, la vache d’abondance, le cheval divin et l’éléphant blanc, un poison sans antidote…

Observe bien la miniature indienne

Le Barattage de la mer de lait, Inde, Rajasthan, 18e siècle, gouache sur papier, ancien fonds, MG 8480

On y trouve trois animaux : l’éléphant blanc, le cheval et la vache considérés dans les mythes de l’Inde comme des animaux investis de pouvoirs magiques et symboliques.

Porteur du monde, emblème royal de souveraineté, l’éléphant blanc est entre autre lié au pouvoir de l’eau et à la promesse d’abondantes récoltes. 

Le cheval est également un emblème royal, sa capacité à symboliquement parcourir l’étendu d’un territoire l’associe à la course du soleil. 

La vache, dont les produits : le lait, le petit lait, le beurre etc. sont utilisés comme offrandes lors des cérémonies religieuses est liée à l’abondance.

Pour aller plus loin

Lors de ta prochaine visite au musée, tu seras accueilli(e) par un groupe sculpté monumental qui se trouvait à l’entrée d’un sanctuaire situé à Ankgor au Cambodge (le sanctuaire de Preah Khan), représenté sur la reconstitution imaginée par Louis Delaporte, celui-là même qui rapporta l’œuvre en France.  De part et d’autre de la voie, des groupes de géants, d’aspect farouche (les asura) ou paisible (les deva), soutiennent le corps d’un gigantesque cobra polycéphale qu’ils sont en train de tirer alternativement. C’est aussi une représentation du barattage de la mer de lait, mais monumentale celle-là !