Ce daim au repos, pattes repliées le long du corps, avec sa tête ovoïde redressée et son mufle semblant humer l’air est d’un grand naturalisme. Il est constitué de trois éléments en bois laqués surmontés d’une paire d’andouillers fossilisés portant des traces de polychromie. Un disque plat servant de tambour est fixé sur le flanc arrière droit. Les motifs en goutte d’eau de la robe renvoient au sika, variété de cervidés répandue en Asie du Sud. Le réalisme de cette représentation est probablement dû à la volonté de reproduire de façon fidèle le caractère auspicieux de cet animal, afin de garantir l’efficacité magique de cet instrument.

La tête est assemblée au corps à l’aide d’un tenon, les yeux en amande sont ourlés à la gouge, la bouche fendue à la scie, et les membres sont dégagés à l’herminette. Quelques gerces sur le dos résultent du long séjour de l’oeuvre dans un milieu humide. L’assombrissement de la couleur, reste néanmoins limité grâce au colorant vermillon à base de sulfure de mercure ralentissant la putréfaction.

Des modèles similaires ont été exhumés à Jiangling dans les tombes N°10 de Yutaishan où ils faisaient office d’animaux gardiens. Dans tous les cas, ces objets très naturalistes cherchent à intégrer la magie et l’âme d’un être ayant vécu par le truchement de ses ramures, transmigrations auxquelles participait peut-être le son du tambour au cours des célébrations rituelles. L’apparition de tels animaux découle de la lente évolution du bestiaire magique typique du pays de Chu, allant de la stylisation vers le réalisme. Ce royaume de Chu est un des états indépendants qui composaient la Chine avant l’unification par le premier empereur Qin Shi Huang en 221 avant notre ère. Il occupait une large portion des régions australes et comptait parmi les plus importantes puissances de l’époque des Royaumes combattants (475-221 avant notre ère).