La fourrure caractéristique de ce chameau de Bactriane est traitée selon une convention hyperréaliste qui apparaît vers le VIe siècle. Les figurines funéraires de chameau se multiplient en Chine à partir de l’époque des Wei du Nord pour atteindre leur apogée à l’époque Tang et leur nombre est considérable. Celles qui les représentent à la fois chargés et montés sont en revanche plus rares. Qui plus est, certains objets figurés ici sortent de l’ordinaire.

Sur le manteau de selle ovale on a d’abord placé de chaque côté les longues planches du bât. Puis, deux grands sacs en peau de tigre contenant la marchandise, doublés à l’avant par deux autres sacs, sans doute pour le sel indispensable aux longs voyages dans le désert, attachés l’un à l’autre par une corde verseuse.

Bien moins communs sont le petit sac rigide, peut-être une bourse en cuir et la cuiller shao à long manche en fer. Le chamelier, assis les jambes croisées, tenant des rênes aujourd’hui disparues, présente un léger embonpoint. Le costume d’Asie centrale, tunique à revers et pantalon, et surtout le turban noué par devant font penser à un Kouchéen plutôt qu’à un homme de Turfan auquel l’apparentent cependant d’autres figurines de chamelier ou palefrenier.

Le chameau, que les Chinois ne se sont jamais risqués à monter mais que certains élevaient en louant les services de palefreniers occidentaux, élément essentiel dans le transport jusqu’aux villes de Lanzhou, Chang’an et Luoyang de toutes sortes de produits exotiques, était un vivant symbole de prospérité. C’est probablement à ce titre que son image en trois dimensions accompagnait les riches défunts dans leur dernière demeure.