Cette scène illustre le « Grand départ » de Siddhârtha Gautama, le futur Buddha, qui, montant son cheval favori, abandonne le palais paternel ainsi que sa condition de prince. Être prédestiné, il apparaît ici nimbé en présence d’une assistance nombreuse composée de gardes, de couples amoureux mithuna, et de devatâ, venus lui rendre hommage. Cet épisode est représenté en frise, dans une architecture encadrée de deux pilastres à chapiteaux corinthiens selon un procédé très courant dans l’art du Gandhâra. Au centre, celui qui deviendra l’Eveillé est représenté suivant un mode novateur : vu de face sur sa monture. L’exécution raffinée et précise dans les détails de ce haut relief et la grâce des attitudes, reprennent les caractéristiques propres à l’école du Swat ; de plus, se retrouvent des réminiscences grecques propres à cet art local telles que le traitement naturaliste des musculatures, les visages inclus dans un ovale, au modelé souple, et les drapés réalistes reprenant le drapé mouillé hellénistique.
Cette œuvre est sculptée dans une pierre très tendre, la stéatite, permettant ce travail minutieux des détails, et dont l’aspect blanc crémeux au toucher savonneux, est caractéristique du site de Nimogram.
Ce haut-relief ornait l’extérieur d’un stûpa, ces « dôme-reliquaires » qui occupent les endroits où l’être suprême est censé avoir accompli des miracles ; il peut avoir paré la vedikâ, allée de circumambulation rituelle ou le soubassement du dôme lui-même. Cette tradition de stupas agrémentés de reliefs sculptés est héritée des époques antérieures, mais désormais, des effigies humaines remplacent les symboles utilisés pour représenter le Bienheureux. Il témoigne du développement particulier du bouddhisme à l’époque des kouchan, dynastie originaire d’Asie centrale, qui dominera le nord de l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, et sous le règne desquels ce style gandhârien culminant aux IIe-IIIe siècles s’est développé.