Cet ensemble en porcelaine a été réalisé en Chine, par les ateliers de Jingdezhen pour l’exportation au Proche-Orient.
La collection des sultans ottomans conservée au palais Topkapı à Istanbul conserve une quarantaine de plats creux et de bols à couvercle de différentes dimensions portant des décors similaires. Ils appartenaient sans doute à un grand service d’apparat et ont pu être utilisés lors de fêtes particulières.
Sur un fond bleu sombre se détachent un semis d’étoiles et de croissants de lune peints à l’or. Ces symboles sont étroitement liés au pouvoir ottoman à partir de la fin du 18e siècle et figurent sur les drapeaux de l’empire. Des médaillons en réserve, cernés d’émail rouge et vert, ornent les parois. Ils contiennent des versets du Coran peints à l’or. Le centre des plats et du couvercle est agrémenté d’une fleur de chrysanthème dorée et d’une bordure de fleurettes rouges.
Plat creux à couvercle et plat de présentation, Chine, fours de Jingdezhen, fin 18e siècle-début 19e siècle, porcelaine, émaux sur couverte et peinture à l’or, hauteur du plat creux sans couvercle : 13.5 cm ; diamètre : 30.5 cm, diamètre du plat : 39.5 cm, donation Ernest Grandidier, 1894, G 2688 (1) et (2)
L’ensemble conservé au musée national des arts asiatiques – Guimet présente les mêmes versets du Coran que ceux que l’on peut voir sur le service du palais Topkapı. La calligraphie est de très grande qualité et adopte le style d’écriture nastaliq. On peut y lire notamment la profession de foi musulmane (Basmala), la sourate d’ouverture du Coran (Fâtiha) et différents versets qui évoquent l’omnipotence, la miséricorde et la sagesse divine, la crainte que l’on doit avoir de Dieu et du jugement dernier, mais aussi la protection qu’Il peut nous accorder contre le mal. Il s’agit en somme des fondements de l’Islam.
La grande qualité de la calligraphie nous conduit à nous interroger. A-t-elle été réalisée en Chine par un maître venu du Proche-Orient ou réalisée au Proche-Orient ?
Le 18e siècle se caractérise par la profondeur des influences croisées entre la Chine et l’Occident. Ainsi les médaillons qui ornent ces porcelaines de Chine renvoient-ils étonnamment à des décors attestés dans la porcelaine de Saxe où des « soupières » à couvercle ornées de médaillons sont produites dans les années 1730, dont certaines à décor de chinoiserie.