Cette rare paire de paravents peints sur papier décrit, au fil des douze volets lisibles de droite à gauche, des fleurs et plantes symboliques du passage des douze mois de l’année. La thématique, parmi les diverses sources d’inspiration poétique sollicitées par les membres de l’école Rimpa depuis le début du 17e siècle, fut particulièrement travaillée par Sakai Hoitsu.
Attribuée à Sakai Hoitsu (1761-1828) ou son atelier, Paire de paravents à six volets : Fleurs et plantes des quatre saisons, Japon, milieu de l’époque d’Edo (1603-1868), premier quart du 19e siècle, Encre, couleurs et poudre d’or sur papier, sceaux : Hoitsu, achat, 2019, MA 12992
Sont successivement dépeintes sur un fond uni animé de traînées de poudre fine d’or : prunus en fleur, nanten, pivoines, œillets, glycines (paravent droit) ; suzuki, volubilis, chrysanthèmes, herbes d’automne, érable (paravent gauche), évoquant dans un enchevêtrement bouleversant parfois l’ordre des mois la fin de l’hiver, l’été puis l’automne.
Non signés, les deux paravents sont chacun clos à leur marge externe par deux sceaux, dont un sceau « Hoitsu » enclos dans un cercle rouge rarement relevé dans cette graphie. La filiation formelle avec l’œuvre de Ogata Korin (1658-1716), très lisible, plaide également en faveur d’une attribution à Sakai Hoitsu ou à son atelier proche ; ce dernier œuvrant d’ailleurs à la compilation de cent œuvres peintes du maître (Korin Hyakuzu, 1816).
La sophistication ici des lavis tarashikomi, les nuances de la palette audacieuse de couleurs, teintes diluées opposées parfois à des plages de pigments vifs, ses rehauts (notamment à la poudre d’or) ainsi que l’existence de plages étroites non peintes, instituant des discontinuités picturales et des contours non peints, évoquent enfin le style, voire l’influence, de maîtres ayant œuvré dans la première moitié du 18e siècle, tels Watanabe Shiko (1683-1755).
Certains motifs considérés isolément, tels les pivoines ou les glycines, dans leur absence de contours ou apparente naïveté formelle, permettent enfin d’établir une filiation graphique simple jusqu’aux makimono calligraphiés par Koetsu au début du 17e siècle, dont les motifs sous-jacents sont, dans certains cas, l’œuvre du peintre Tawaraya Sotatsu.