Les kendi étaient à l’origine utilisés comme aspersoirs d’eau lustrale dans un cadre rituel. Ces objets ont été différemment utilisés dans les pays où ils furent exportés. En Europe, les formes zoomorphes étaient surtout des objets de curiosité.
Cette œuvre, une verseuse sans anse (kendi) en forme d’éléphant, appartient à un groupe d’objets produits en Chine, dans les fours du plus grand centre de production de porcelaine de l’époque, Jingdezhen, à la fin du 16e et au début du 17e siècle.

Les kendi zoomorphes – dragon, phénix, éléphant, buffle et crapaud – ont connu un grand succès à l’exportation en Asie du Sud-Est, au Proche et au Moyen-Orient et en Europe. En témoignent des pièces trouvées dans des épaves, telle le Witte Leeuw, originaire des Pays-Bas, coulé en 1613 et le « Wanli Shipwreck » coulé au large de la Malaisie vers 1625.
Des collections historiques documentent aussi le devenir de ces pièces. Ainsi, le Topkapı Saray Museum d’Istanbul conserve dix kendi en forme d’éléphant et la collection offerte en 1611 par Shâh ‘Abbâs au sanctuaire de Shaykh Safî à Ardebil en Iran en comporte un. Un kendi aurait également appartenu au roi d’Espagne et du Portugal, Philippe II, selon un inventaire après décès daté de 1590.