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Complice d’Émile Guimet avec lequel il découvre le Japon, mais aussi ami de Verlaine et Rimbaud, Félix Régamey (1844-1907) fait partie de ces artistes méconnus de la seconde moitié du 19e siècle.

Fils et frère de peintres et dessinateurs, Félix Régamey ne pouvait qu’être incité à entrer à son tour dans une carrière artistique, qui le verra d’abord œuvrer en tant que dessinateur et caricaturiste de presse. De sa famille, mais aussi de ses professeurs, il hérite aussi un profond engagement républicain ainsi qu’un penchant pour les thèses fouriéristes.

S’il ne semble finalement pas avoir pris une part active à la Commune de Paris, nul doute que ses sympathies le poussaient de ce côté : il fonde en effet le Salut Public en 1870. C’est aussi ce qui explique son départ pour Londres dans les mois qui suivent. Ami de Verlaine, il y retrouve celui-ci et aide financièrement le couple qu’il forme avec Arthur Rimbaud. C’est là également qu’il croise pour la première fois la route d’Émile Guimet, jeune veuf avec lequel il va nouer une amitié particulière.

Son exil se poursuit aux États-Unis, où il collabore à plusieurs journaux et revues. En 1876, à l’occasion de l’Exposition universelle de Philadelphie, il retrouve Guimet qui souhaite alors s’éloigner de la société lyonnaise et qui l’entraîne dans son périple autour du monde, dont l’objectif premier et affiché est la découverte du bouddhisme japonais.

Profondément marqué par ce voyage, Régamey va dès lors contribuer au développement du japonisme. Il s’attache à documenter graphiquement le périple des deux complices et réalise ainsi, à leur retour, l’illustration de Promenades japonaises, l’ouvrage publié par Guimet qui lui commande aussi les grandes toiles exposées lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878 en compagnie des œuvres qui vont constituer le point de départ du futur musée Guimet. Il publiera également, en 1891, Le Japon pratique.

S’il continue à illustrer un certain nombre d’ouvrages, notamment en lien avec le Japon (où il retourne en 1899) et le japonisme, ses relations avec Guimet se distendent quelque peu après 1884. En 1881, il est nommé inspecteur des dessins des écoles de la Ville de Paris. Il se consacre alors essentiellement à l’enseignement. Malgré ses talents indubitables, force est de constater que sa carrière artistique n’a pas connu les développements que les premières décennies de sa vie semblaient promettre.


Félix Régamey

Félix Régamey (1844-1907) was a friend of Émile Guimet, with whom he discovered Japan, but also of Verlaine and Rimbaud. He was one of the little-known artists of the second half of the 19th century.

The son and brother of painters and cartoonists, Félix Régamey could only be encouraged to embark on an artistic career, which would first see him work as a press cartoonist. From his family, but also from his teachers, he also inherited a deep republican commitment and a penchant for Fourierist theses.

Although he does not seem to have taken an active part in the Paris Commune, there is no doubt that his sympathies pushed him in this direction: he founded the Salut Public newspaper in 1870. This also explains his departure for London in the following months. A friend of Verlaine’s, he met him there and helped financially the couple he formed with Arthur Rimbaud. It was also there that he met for the first time Émile Guimet, a young widower with whom he would form a special friendship.

His exile continued in the United States, where he worked for several newspapers and magazines. In 1876, on the occasion of the Universal Exhibition in Philadelphia, he met Guimet again, who wanted to distance himself from Lyon society and who took him on his journey around the world, whose primary and stated objective was the discovery of Japanese Buddhism.

Deeply marked by this journey, Régamey was to contribute to the development of Japanese Buddhism. He set out to graphically document the journey of the two friends and, on their return, illustrated Promenades japonaises, the work published by Guimet, who also commissioned him to paint the large canvases exhibited at the Universal Exhibition in Paris in 1878 along with the works that were to form the starting point of the future Musée Guimet. In 1891, he also published Le Japon pratique.

Although he continued to illustrate a number of works, particularly in relation to Japan (to which he returned in 1899) and Japonism, his relationship with Guimet became somewhat strained after 1884. In 1881, he was appointed inspector of drawings for the schools of the City of Paris. He then devoted himself essentially to teaching. Despite his undoubted talents, it must be said that his artistic career did not experience the developments that the first decades of his life seemed to promise.