Cette main d’une image de Bouddha fait le geste de l’absence de crainte (abhaya mudra). Elle est modelée dans de la terre et sa surface est dorée, selon la tradition bouddhique qui veut que le Bouddha brille d’une belle lumière d’or.
La pièce proviendrait de Bamiyan où la Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA) mène des recherches avec Alfred Foucher, ensuite Joseph Hackin (1924-1934). Au cœur de l’Hindukush, les « montagnes neigeuses » des pèlerins chinois, qui les franchissent pour se rendre jusqu’en Inde au pays du Bouddha, ou la chaîne « tueuse d’Hindous », selon la formule d’Ibn Battuta plus tard (1304-1377, auteur arabe d´une relation célèbre de ses voyages qui l´auraient mené en Chine), la vallée est l’étape obligée sur la vieille route de l’Inde, de Bactres à Taxila.

Main de Bouddha,Afghanistan, Bamiyan (?), 5e-7e siècle ?, terre crue dorée
H. 25 cm ; L. 18 cm ; P.
13 cm, mission DAFA, MG 18549
C’est aussi un centre monastique important comme le soulignent Faxian (5e siècle), et après lui Xuanzang (7e siècle). La falaise est rythmée par l’image de deux Bouddha debout (35 mètres dans un cas, 53 mètres dans l’autre), qui, au dire des témoignages chinois, resplendissent au soleil, et qu’on date aujourd’hui du 6e-7e siècle. Entre les deux icônes, ou bien de part et d’autre, le rocher est scandé d’une centaine de grottes, ornées d’un décor peint, mais également modelé. Celui-ci est en terre crue, mêlée de paille bûchée, une technique propre à la fin de l’art bouddhique en territoire afghan, comme le montrent les sites de Hadda ou bien de Mes Aynak, annonçant une pratique répandue au Xinjiang. Ce goût pour les images monumentales se développe à l’époque post-gupta, d’Ajanta à Adina tepe, et de là jusqu’en Chine, à Yungang ou Longmen.