Exposition présentée au musée Guimet en coordination avec l’Association pour le Rayonnement des Arts Asiatiques (ARAA) et le soutien de la fondation Yageo. Sanyu, l’écriture du corps est parrainée par Radio France Internationale.
Commissariat
Jean-Paul Desroches assisté de Catherine Pekovits, coordinatrice de l’exposition
Commissaire invité
Rita Wong
Sanyu, l’écriture du corps
Sanyu, né en Chine en 1901, s’installe à Montparnasse dans les années 1920. Ardent défenseur de Picasso, on a souvent rapproché son œuvre de celle de Matisse. Mort dans l’indifférence en 1966, il est reconsidéré aujourd’hui et apparaît comme l’un des passages obligés entre l’art de la Chine traditionnelle et la modernité. Pour la première fois en Occident, une rétrospective lui est consacrée Le Paris de l’après-guerre entend vivre dans l’euphorie « L’homme exasperé, tendu […] lève la tête, ouvre les yeux, reprend goût à la vie. Frénésie de danser, de se dépenser, de pouvoir enfin marcher debout, crier, hurler, gaspiller. Un déchaînement de forces vives remplit le monde », écrit Fernand Léger. Les artistes venus des cinq continents se ruent à Montparnasse et une nouvelle génération d’artistes se bouscule à la terasse du Dôme ou de la Rotonde, formant , aux dire de Marcel Duchamp, « la première colonie d’artistes vraiment internationale qui eu existé ». C’ est dans ce Paris là, que Sanyu -agé de vingt ans-débarque. Il fait patie des premiers jeunes artistes chinois qui bénéficient du programme d’études mis en place par Can Yuanpei, alors président de l’Université de Pékin, avec les autorités françaises.
Les années d’apprentissage : 1920-1930
D’autres artistes venus d’Asie sont venus s’installer à Paris, comme en témoigne, dans la première salle de l’exposition, L’autoportrait dans l’atelier de Foujita. Plutot que de s’inscrire à l’Ecole nationale des Beaux Arts, Sanyu préfère l’environnement moins traditionnel de la Grande Chaumière. On le voit croquer non sans humour les prortraits de gens qui l’entourent (fig.6). Les traits sont incisifs, souvent rehaussés de couleurs légères. Un ensemble d’aquarelles de ces années d’apprentissage est présenté dans la deuxième salle face à ses premières natures mortes peintes sur toile dans les tons clairs et lumineux. Toutefois, sa préoccupation majeure reste l’étude de nu, un genre dans lequel il va exceller (fig11.). En effet, il réalise un grans nombre d’esquisses, cernant avec brio et rapidité ses modèles, tels des épures. Une salle entière leur est consacrée. A partir de 1929, Sanyu commence réellement à peindre des nus sur toile. Comme Foujita, il représente des femmes étendues sur de simples aplats de couleur sans réel souci de profondeur. Pour ses nus, l’artiste japonais a mis au point une technique singulière. Il prépare ses toiles pour obtenir un fond lisse et laiteux puis il dessine au pinceau fin. Sa palette se réduit au noir, au blanc et au rose. Néanmoins, dès cette époque, il est influencé par le milieu artistique parisien. Ses visages, encadrés de cheveux noirs coupés à la garçonne avec un œil de jais unique et immense, évoquent les portraits de Kiki (fig.37). En écho à ce modèle légendaire de Montparnasse, Le violon d’Ingres, tirage photographique d’après l’original de 1924 de Man Ray, est exposé à côté du profil en bronze de Pablo Gargallo daté de 1928, véritable trait d’union entre les surréalistes et les peintres de l’Ecole de Paris.