Cette statuette figure Virûpaksa, le gardien de l’Ouest, l’un des quatre rois gardiens des quatre directions de l’univers. Ces rois-gardiens ou lokapâla, sont toujours montrés en armure. Les attributs de ce personnage sont : un stûpa reliquaire, qui était précédemment porté par le gardien du Nord, et un serpent. Malgré ses canines apparentes, son visage est souriant et avenant. Certains détails techniques et stylistiques relient cette pièce aux lokapâla du Tibet méridional, représentés sur les stûpas qui ont vraisemblablement été construits entre 1350 et 1550. La figuration de rois-gardiens dans ce pays est fortement marquée par l’influence de la Chine, comme le montre l’armure dont il est revêtu, et qui est une variation de celles datant de la dynastie des Tang (618-907).

La technique à la cire perdue a été utilisée ici pour produire cette statuette de cuivre pur, et permettre le traitement exceptionnel des écharpes flottantes, du serpent et des mains. Après avoir été dorée, cette pièce a été rehaussée par un décor d’incrustations de lapis-lazuli, de turquoise, de corail rose, rouge, selon un mode typiquement tibétain. Des traces sur les lèvres et la chevelure montrent également l’emploi de la polychromie. Cette oeuvre s’inscrit dans le bouddhisme ésotérique (Vajrayâna) qui caractérise la culture locale. Elle participe de l’influence décisive de la Chine, réminiscence de l’époque pendant laquelle cette dernière entretenait des liens privilégiés avec le Tibet qui était en charge des affaires religieuses dans l’empire mongol au XIVe siècle.

Texte d’après G. Béguin.