Cette représentation de la déesse Usnîsavijayâ encadrée de deux bodhisattva assistants tenant des chasse-mouches, possède trois visages et huit mains portant ses attributs. Sa tête droite est dorée, alors que la gauche, est bleue et montre une expression farouche. Quant à sa tête centrale, elle est blanche comme le corps. Dans tout le monde himâlayen et chinois, la divinité est figurée à l’intérieur d’un stûpa. Au registre inférieur, des lions et les quatre rois gardiens (lokapâla) des quatre points cardinaux sont présents. De chaque côté d’Usnîsavijayâ, des médaillons contiennent les sept trésors du souverain universel, et sept des huit signes auspicieux du bouddhisme tantrique tibétain. Tout en bas, à gauche, apparaît le donateur devant diverses offrandes à la déesse. Comme l’indiquent les colonnettes florales au traitement décoratif, les arcs de feuillages, le fond rouge et bleu s’ornant de rinceaux en camaïeux ou les bijoux calqués sur les créations newars de Katmandou, l’influence de l’art népalais est forte. Les motifs à l’or qui figurent sur les vêtements du personnage central et le canon des lokapâla, renvoient, eux, à la Chine. Cette peinture monumentale montre de surcroît une grande finesse d’exécution. Elle a été réalisée à la gouache sur toile et possède des rehauts d’or, apparaissant sporadiquement sur un des visages de la divinité.

Cette déesse Usnîsavijayâ ou « Victoire du Sinciput », est particulièrement vénérée par les bouddhistes népalais et tibétains. Elle procure longue vie, et permet ainsi d’obtenir plus de mérites et de s’assurer une meilleure réincarnation.

Cette oeuvre participe du développement d’un art somptueux et éclectique au Tibet du XIVe siècle alors dominé par les Sa-skya-pa. A cette époque ce pays s’était vu confié la direction des affaires religieuses de l’empire mongol des Yuan (1279-1368), avec lequel il entretenait donc des liens privilégiés favorisant ces échanges culturels.

Texte d’après G. Béguin.