Cette aiguière à panse globulaire et haut à col cannelé porte un important décor floral incisé sous une couverte bleu-vert. Ces incisions caractéristiques des céladons des fours de Yaozhou au début des Song sont profondes. Sur ce type de céramique, elles peuvent atteindre jusqu’à 5mm de profondeur, permettant des contrastes heureux entre les zones sombres créées par l’agglomération de couverte dans les contours des motifs et les zones plus claires recouvrant les reliefs.
Le décor a été taillé avec un couteau de bambou dans une terre grise préalablement dégourdie, la pièce est ensuite trempée dans un bain de couverte, puis est passée au four à une température de 1250°c. Avec le temps, la couverte appliquée en couches successives s’épaissit en prenant une tonalité olivâtre.
Ce sont peut-être ces contrastes colorés, tout comme le soin porté à l’exécution de ces chefs-d’oeuvre qui valurent aux productions de Yaozhou d’avoir leur place au milieu de la vaisselle impériale. Ici, en effet, en raison du double bec verseur à têtes de phénix, une destination au palais des impératrices, dont cet oiseau est le symbole, peut-être supposée.
Le décor ici employé, ainsi que la forme sont encore stylistiquement proches de la vaisselle d’orfèvrerie, dont les types de décoration hérités des Tang (618-907) sont affiliés aux arts du métal du Proche-Orient. Ils s’inscrivent néanmoins dans une évolution qui affranchira la céramique de cette influence du métal, et la conduira vers un répertoire de motifs et morphologique qui lui sont propres. Ce type de couverte jouera également un rôle important au début des Song car elle constitue un des premiers jalons, après les miseyao de Yue, qui mèneront la céramique au rang d’objet de table, puis dignes d’être collectionnés par l’élite sociale au même titre que l’orfèvrerie et la laque.