Ce haut-relief frontal illustre l’un des épisodes du « Grand Miracle de Shravastî » : Le Buddha historique Shakyâmuni manifeste sa puissance devant l’assemblée des maîtres hérétiques en accomplissant plusieurs miracles. Il est ici représenté en lévitation au-dessus de flots s’écoulant de ses pieds et des flammes s’élèvent de ses épaules. Dans la paume de sa main droite levée en abhaya mudrâ, est gravé le lotus de la Loi et au-dessus de sa tête, les dieux hindous Indra et Brahma tiennent le parasol en signe de révérence. Accentuant la monumentalité de la figure du Bienheureux, et l’encadrant, deux petits buddha sont assis en méditation, avec également des flammes sortant de leurs épaules. Au registre inférieur, sont installés les assistants classiques de la « légende bouddhique » : Vajrapâni, le porteur de foudre et Hârîtî, tous deux stylistiquement de forte influence gréco-romaine ; ils sont supportés chacun par une console sculptée à la mode iranienne, rappelant le décor des ivoires de Begram ainsi que l’ornementation des sièges d’apparat de l’Inde ancienne. Sur le socle, court un rinceau aux motifs d’églantine fréquent dans l’art du Gandhâra. Cette pièce est typique des hauts-reliefs de la région du Kapishâ, qui s’éloignent du modèle classicisant de l’école gandhârienne par la stricte frontalité, le canon un peu court et particulièrement massif, le drapé précis mais stylisé, et la tête circulaire. Cette stèle, découverte sur le site de Païtâvâ, près de Begram en Afghanistan, illustre un type de représentation, hautement symbolique, caractéristique d’un art qui se veut avant tout synthétique, annonçant déjà l’esthétique canonique de certaines effigies sculptées dans les sanctuaires rupestres de la Chine, Yungang et Longmen. Elle annonce aussi la monumentalité des Buddha de Bâmiyân.