Cette scène présente le Buddha du passé Dîpamkara faisant une prédication au jeune brahma-carin (étudiant brahmanique), le futur Shâkyamuni. L’image se déroule à la façon d’une frise, plus proche des solutions plastiques de l’art romain impérial, que de celles de l’Inde bouddhique. Conformément aux trois unités classiques, de temps, de lieu et d’action, les scènes se succèdent de gauche à droite. Ainsi le préambule : le marchandage auprès de la jeune fille des lotus bleus, que le bodhisattva souhaite offrir au Buddha qui entre dans la ville. S’étant retourné, ce bodhisattva, le bras levé, lui lance les fleurs. Surviennent ensuite le miracle et la conversion : l’offrande reste suspendue au-dessus de la tête du Tathâgata, formant une auréole, et le brahma-carin se prosterne devant le Buddha. Dîpamkara lui prédit alors qu’il connaîtra lui-même l’éveil dans un lointain futur, où il portera le nom de Shâkyamuni. Cette oeuvre à l’origine colorée, a été découpée dans une plaque de pierre par la suite encastrée dans la maçonnerie des bâtiments monastiques par tenons et mortaises.
Ces Premières représentations locales du Nord-Ouest de l’Inde, de la « biographie » du Buddha, développées en cycles narratifs complets, étaient placées à l’avant des escaliers, ainsi que sur les soubassements des sanctuaires. Elles possèdent la triple fonction ornementale, édifiante et didactique, à la manière de véritables livres imagés venant en parement de ces bâtiments. Les empereurs Kouchans qui dominèrent le nord de l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan actuels, furent des mécènes assidus du bouddhisme et de son art. Sous leurs règnes cette religion connut une très grand développement qui se traduisit par l’édification de nombreux monastères. La situation de ce bouddhisme Kouchan sur la Route de la Soie, assurera son expansion ainsi que celle de son iconographie jusqu’en Chine.