Des céramiques à décor monochrome bleu de cobalt sont produites en Chine au 18e siècle dans des quantités inédites. Cette abondance est possible grâce au minerai importé d’Europe par la Compagnie des Indes orientales. Ce minerai complète la production locale chinoise et élargit la palette des bleus. Les pièces à fond bleu étaient jusque-là rares, cantonnées à des productions impériales nécessitant un minerai d’une pureté bien plus grande que celui utilisé pour les décors bleus et blancs sous couverte. La rareté de ce minerai en faisait un produit de grand luxe.

Les premiers chefs d’œuvres monochromes au bleu de cobalt datent, en Chine, du 14e siècle (époque Yuan). Sous la dynastie Ming, on parvient à mettre au point une nouvelle couverte plombifère au bleu de cobalt utilisée notamment sous l’empereur Jiajing (1522-1566) pour le décor « bleu sacrificiel » ou « bleu éclaircissant le ciel » (ji lan you) des vases destinés aux cérémonies rituelles. Sous l’empereur Qianlong de la dynastie Qing, le bleu continue à être utilisé pour la vaisselle et le décor des rituels, notamment pour les offrandes dans le « temple de la prière de l’année » à Pékin. Parallèlement, les couvertes bleues se développent sur des pièces luxueuses d’usage profane tel ce vase.
Le contraste bleu/or est un héritage de la vaisselle sacrificielle d’époque Ming. Sur ce vase, l’opulent décor peint à l’or, typique de la période Qianlong, prend cependant le pas sur la couverte bleue. Les contrastes sont augmentés par les anses « rouge de fer ». Les motifs : chauve-souris, lotus, caractères shou (longévité) sont de bon augure.