La naissance du mouvement ukiyo-e (littéralement « images du Monde flottant »), qui s’attacha à décrire dès les années 1660 la réalité mondaine et les divertissements, dans leur dimension fugace et transitoire, des citadins d’Edo, affleura dans un premier temps par le biais de peintures, ouvrant souvent la voie aux estampes à venir.

Parmi les artistes qui œuvrèrent dans les deux media, illustrant par leurs créations le lien intrinsèque unissant les unes aux autres, il convient de citer les membres de l’atelier Kaigetsudo (« l’atelier languissant sous la lune »). Situé dans le quartier d’Asakusa, à proximité de l’entrée principale du Yoshiwara (quartier de plaisir de la nouvelle capitale Edo), cet atelier actif durant le premier tiers du 18e siècle se spécialise dans le portrait de courtisanes représentées en pied, sur un fond totalement nu ; à l’instar des portraits de beautés de l’ère Kanbun (1661-1672), ces œuvres érigent en sujet unique de la peinture la silhouette humaine, en l’occurrence celle des égéries du Yoshiwara.
Fondateur de l’atelier, Ando pose ici les constantes essentielles de son style : investissant la quasi-totalité de l’espace pictural, la silhouette monumentale de la jeune femme est cernée d’un trait d’encre souple et vigoureux, alternant les pleins et les déliés. Son écriture calligraphique et plutôt abstraite n’entrave en rien cependant l’évocation d’une présence tangible. Si la plupart de ses élèves transposèrent ce style dans leurs estampes, il est à noter que Ando ne pratiqua pas la xylogravure.