L’absence de tout signe distinctif et, plus encore, d’emblème (lanchana) ne permet pas l’identification précise de ce Jina. Seule sa nudité totale révèle son appartenance à la secte jaïne des Digambra – les ascètes « vêtus d‘espace », c’est-à-dire nus.

L’ascète méditant est assis, les mains réunies dans le giron en dhyanamudra, figé dans une parfaite immobilité. Conformément aux canons de l’art jaïn, les formes corporelles des Jina, volontairement idéalisées et exagérées, se doivent de refléter une morphologie conventionnelle exprimant non pas tant une réalité physique qu’un état hautement spirituel et traduisant en termes plastiques la nature suprahumaine du Jina : traitement quasi abstrait du corps juvénile, aux proportions athlétiques et aux membres tubulaires, longueur disproportionnée des bras, largeur accusée des épaules et du torse, bombé et comme dilaté par le souffle organique (prana).

Massif et imposant, ce Jina – réputé provenir de Melur, au Tamil Nadu – est parfaitement représentatif de la statuaire jaïne du Deccan méridional, telle qu’elle est attestée notamment au Tamil Nadu, mais aussi au Karnataka – région qui, entre le 3e siècle et le 14e siècle, fut un important foyer religieux pour la communauté des jaïns Digambara. L’absence de protubérance crânienne (ushnisha), tout comme l’absence de marque de bon augure (shrivatsa) gravée sur la poitrine du Jina, accréditent sans conteste l’origine méridionale de la sculpture.