En 1590, Lucknow devient la capitale de la nouvelle province d’Avadh (Uttar Pradesh). Cette cité riche et cosmopolite, dirigée par les Nawabs, généreux mécènes, servit à partir de 1739, date du sac de Delhi, de refuge aux artistes et aux intellectuels.

Coiffe de jeune prince, Inde, Lucknow, première moitié du 19e siècle, velours, taffetas et soie, application de cannetilles de plusieurs grosseurs, « bouillon » torsadé, incrustations de pierres précieuses et semi-précieuses : diamants, perles, rubis, émeraudes, paillettes en métal doré, legs Krishnâ Riboud, 2003, MA 11403 (AEDTA 3538)

Les arts décoratifs de Lucknow mêlent habilement des influences persanes, héritage direct de la famille régnante, à des apports européens, inspirés par les nombreux voyageurs reçus notamment par Shuja’ ud-Daula (1753-1775). Des ateliers royaux (kharkana) produisaient des costumes et des textiles pour les dignitaires du royaume, qui avaient à leur service des joaillers, des brodeurs et des tailleurs venus de toute l’Inde, du Cachemire au Gujarat, en passant par le Rajasthan et bien sûr le Bengale. Les brodeurs maîtrisaient à la fois le chikankari (broderie blanc sur blanc) et le zardozi (mot persan signifiant « brodé d’or »). Les costumes portés à Avadh ne font pas exception à ce syncrétisme d’influences, comme le montre la magnifique coiffe de la collection Riboud, destinée à un jeune prince. Son velours est entièrement brodé d’or et incrusté de pierreries, selon la technique du zardozi, laquelle consiste à broder des fils métalliques d’argent, d’or, des lamelles de métal (badla) et des filés métalliques d’or ou d’argent (enroulés autour d’une âme en soie ou en coton). Cette technique était réservée aux vêtements royaux ou à ceux confectionnés pour des cérémonies particulières.

Cette pièce extraordinaire s’apparente sans doute à l’ornement frontal que portait la jeune bégum d’Avadh, en 1828, à l’occasion de la cérémonie du premier anniversaire du couronnement de Ghazi-ud-din Haidar, décrit par Fanny Parkes, sœur du vice-roi des Indes, dans son journal : « Autour de la tête elle portait une petite couronne, d’où pendaient de grandes perles en forme de poires alternant avec des émeraudes. » L’avant de la coiffe est décoré d’un sarpush, ornement de turban en pierres précieuses, proche des exemplaires connus portés à la cour moghole au cours des 17e et 18e siècles.

Source :  Notice rédigée par Aurélie Samuel pour le catalogue de l’exposition Costumes d’enfants, miroir des grands, éditions RMN-GP / MNAG, 2010