La ville de Kamakura conserve dans le temple de Kotoku-in un Bouddha monumental en bronze autrefois doré à l’or fin. La photographie de voyage de l’époque Meiji (1868-1912) a nettement contribué à la notoriété de ce site bouddhique, facilement accessible depuis Tokyo ou Yokohama.

Kamakura est située au bord de l’océan Pacifique dans la préfecture de Kanagawa, à 50 kilomètres au sud-ouest de Tokyo ; elle était, depuis l’ère Meiji (1868-1912), aisément accessible depuis la capitale en train. La ligne draina dès lors les premiers flux touristiques. La photographie de voyage contribua à imposer la réputation de ce lieu et à le préserver durant le règne de l’empereur Meiji dont les premières années furent marquées par une tentative d’éradication du bouddhisme, religion importée, au profit du shintoïsme, religion autochtone promue par le nouveau système impérial dans sa construction de la nation japonaise. Le mouvement s’essouffla après avoir suscité de nombreuses destructions et aliénation de biens. 

Felice Beato, Le Grand Bouddha (daibutsu) de Kamakura, Japon, 1866, photographie 23 de l’album AP 16370

Les studios photographiques de Felice Beato, entre autres, contribuèrent à la gloire touristique du lieu. Ils popularisèrent des vues stéréotypées, de face ou à peine de 3/4, accentuant l’impressionnante frontalité de la sculpture haute de plus de 11 mètres, qui semble adossée à une paroi rocheuse invisible. Il est possible de pénétrer à l’intérieur, l’espace étant éclairé par deux fenêtres percées dans le dos.

Remplaçant une effigie de bois antérieure, le daibutsu (Grand Bouddha) fut élevé dans le temple Kotoku-in, sous le pouvoir de fait ďune dynastie militaire, les shogun de l’ère de Kamakura, du nom de la capitale où ils s’établirent entre 1192 et 1333. C’est en 1252 que fut reconstruite en bronze, par grandes plaques assemblées d’un poids total de 121 tonnes, cette image monumentale du Bouddha Amitabha. Il s’inscrit dans la longue histoire des effigies bouddhiques monumentales qui va de l’Asie centrale au Japon, et des confins de la route de la Soie au Sri Lanka. Le bouddha, d’une impressionnante aura, fait un geste caractéristique dans l’art japonais du 12e siècle, de la Dhyana mudra, qui indique qu’il s’agit du moment de son ultime méditation sous l’arbre de l’Éveil.