La région d’Amarâvatî, situé en Andhra Pradesh dans le Deccan oriental, fut dès les premiers siècles de notre ère un centre florissant du bouddhisme où se développa un art original.
Malgré quelques subtiles influences étrangères, cette oeuvre n’en demeure pas moins foncièrement indienne. Son visage très allongé rappelle certains traits spécifiquement dravidiens : les oreilles présentent des lobes distendus, on note également la présence accusée de l’ûrnâ, signe distinctif du Buddha toujours placé à la jonction des sourcils, ainsi que l’usnîsa, petite protubérance crânienne qui apparaît saillante dans sa chevelure, traitée en boucles régulièrement stylisées et rituellement enroulées vers la droite.
L’école d’Amarâvatî ne représentera la figure du Buddha qu’à partir du IIe siècle, avant cela, il n’était représenté que par symboles. Il arrive parfois que soit décelée au sein de la production de l’école d’Amarâvatî une influence occidentale, et plus particulièrement romano-alexandrine qui s’exprime d’ailleurs clairement dans cette sculpture par son réalisme accusé et son expressivité et qui évoquait presque pour René Grousset une « Statue-Portrait de la Rome antique ».Ces réminiscences s’expliquent par les contacts maritimes et les relations commerciales attestées entre la côte orientale de l’Inde et le bassin méditerranéen au cours des deux premiers siècles de notre ère. Nombreux sont les fragments de poterie d’Arezzo (Latium) ainsi que des monnaies romaines de l’époque d’Auguste et de Claude, découverts sur la côte Sud-Est de l’Inde. L’une d’elles fut d’ailleurs trouvée à l’endroit même où fut exhumée la tête. Ce type iconographique du Buddha tel que l’art d’Amarâvatî le définit entre les IIe et IIIe siècle, s’imposera graduellement jusque dans les royaumes indianisés du Sud-Est asiatique.