Cette effigie sculptée dans le grès, figure Rishabhanâtha (ou Adinâtha), le premier des vingt-quatre tîrthankhara jaïns. Le jaïnisme connaît vingt-quatre maîtres chargés de transmettre les fondements de la doctrine jaïne à travers les siècles. Assis sur un coussin, dans la position du lotus ou diamant vajraparyankâsana, le jina Rishabhanâtha est figuré nu. Ses mains réunies dans le giron esquissent le geste de méditation dhynâna mudrâ. Sa coiffure à boucles stylisées régulièrement enroulées, dont certaines retombent en mèches sur ses deux épaules, permet de l’identifier avec certitude car il est le seul d’entre tous les tîrthankhara à être ainsi coiffé. Plongé ici dans une insondable méditation, le jina semble s’abstraire à la fois des attachements séculiers et des contingences terrestres. La double exigence de pureté intérieure et d’ascèse libératrice contenue dans l’immobilité de sa pose et l’impassibilité de son visage est ici particulièrement bien rendue. Le sculpteur a su allier, avec une très grande maîtrise et de façon harmonieuse, les sobres canons iconographiques de l’esthétique Jaïne, aux formes épurées et néanmoins rayonnantes de la statuaire médiévale indienne candella des XIe-XIIe siècles.
Ce jina fut particulièrement vénéré par la secte des Digâmbarâ vêtus d’espace qui lui dédièrent trois temples, celui de Pârsvanâtha, de Ghantâi et d’Adinâth, édifiés sur le sîte de Khajurâho, ancienne capitale de la dynastie Candella. Près de soixante images de ce premier jina des tîrthankhara furent dénombrées en ces lieux. Rishabhanâtha y est parfois représenté debout, figé dans une intégrale nudité, on le rencontre plus généralement, assis dans cette même attitude de méditation.