Le corps bien campé sur des jambes solides, l’oeil à la paupière très marquée, les mâchoires géométriques, les naseaux ouverts, sont des éléments qui confèrent à cet animal une allure extraordinairement expressive. La sinuosité de sa morphologie est accentuée de façon délibérée et sans ruptures, comme le tracé d’un pinceau. Cette oeuvre pleine d’esprit et de pittoresque caractérise les productions du Sichuan. L’accroissement des contacts avec les peuples de l’Asie centrale, à cette époque, a permis la découverte de nouvelles races de chevaux. Parmi les plus admirés figurent ceux du Ferghâna (actuel Ouzbékistan), rapides, ils inspirent des créations artistiques exaltant les qualités esthétiques de l’animal. Cependant, loin de figurer un type particulier, il s’agit le plus souvent d’une image composite et idéalisée conservant du cheval chinois les grandes oreilles dressées, le chanfrein concave et les yeux globuleux en grenouille, mais renvoyant aux montures arabes par sa tête haute.

Cette pièce résulte de l’utilisation d’un moule bivalve, la matière ocre peu cuite et friable garde un aspect naturel caractéristique des oeuvres de la région.

Cette statue faisait vraisemblablement partie d’un ensemble de mingqi ou substituts funéraires placés dans la tombe. Le cheval est un symbole, une allégorie de la classe aristocratique d’où sa présence dans les tombes de haut rang. A l’époque Han, en effet, la décoration de la chambre mortuaire et son mobilier reflètent l’existence du défunt attestant une volonté de survie après la mort. Ces mingqi représentent alors le monde des mortels avec un sens étonnant du mouvement et une saisie des gestes essentiels. Pour certaines familles, il s’agit d’affirmer publiquement la piété filiale, vertu confucéenne considérant la mort comme un pivot unissant les deux existences, et dont la tombe constitue le trait d’union.