Le travail de Takashi Arai présente les effets sociaux, émotionnels et psychologiques des tremblements de terre et des tsunamis et une réflexion sur les risques liés aux catastrophes nucléaires. Après Fukushima (2011), il produit des daguerréotypes (procédé de 1839) des lieux emblématiques de catastrophes atomiques au Japon et aux États-Unis.

Takashi Arai pratique le daguerréotype depuis 2004, procédé acheté à Daguerre par l’État français en 1839 et remplacé par d’autres techniques au milieu des années 1860. Il découvre la photographie alors qu’il étudie la biologie. À l’issue de l’accident nucléaire de Fukushima, le 11 mars 2011, il porte ses recherches sur la radioactivité, des premiers essais nucléaires de 1954 aux deux bombes atomiques larguées sur son pays en 1945. Aux États-Unis, il consulte un livre sur les essais nucléaires américains dont la beauté des images contraste avec les horreurs de ce qu’il a appris des corps meurtris par les effets des bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki.

Takashi Arai (né en 1978), Miharu (No. 2), 25 avril 2011, Japon, daguerréotype

Arai ne pratique pas le daguerréotype comme une technique figée dans l’esthétique d’une époque révolue. Il le considère comme un médium créatif contemporain et exploite certains effets indésirables au 19e siècle, irisations, dégradés éclatants de bleu, comme autant d’empreintes laissées sur la plaque daguerrienne par les radiations mortifères d’une explosion nucléaire. Arai présente ensuite ses résultats, par nécessité de conservation mais également par choix esthétique, dans des écrins d’une grande sobriété, qui ne sont pas sans rappeler ceux des ambrotypes du 19e siècle au Japon, en tant qu’objet, micro-monuments, dédiés à la mémoire des victimes.