Yi Chong est le peintre par excellence des bambous en Corée et l’élégance de ses peintures illustre l’idéologie lettrée d’un style de cour marqué par le confucianisme.

Bambou sous la pluie par Sokyang, tel est le titre de cette peinture signée de la main de Yi Chong, identifié sous son titre royal. Elle porte un colophon calligraphié en belles lettres d’or, sur un fond de soie bleue, et s’agrémente d’un poème en contrepoint du thème, rédigé par Chung-hwa, le célèbre lettré Kim Ch’ang-hyop (1651-1708), du clan des Kim d’Andong, qui semble alors avoir possédé la peinture :

« Deux tiges de bambou sous la pluie, pales et noires dans la brume. Leur long corps souffre mal l’oppression. Ils voudraient se changer en dragon ! »

Ce rouleau fait partie d’une paire dont la seconde peinture, conservée au États-Unis s’intitule Bambou sous le vent.  Ces peintures à l’encre sur soie témoignent de la manière de Yi Chong vers 1622, peu après la guerre imjin (1592-1598), où lui-même fut blessé. Elles sont caractéristiques de son approche réaliste, très légèrement rêveuse, un peu mélancolique, qui joue la profondeur par des effets de brume, le roc au premier plan. Ces œuvres sont révélatrices de l’art très aristocratique que connaît la Corée, sous la période Choson, Yi Chong étant lui-même prince et lié à la famille royale, arrière-petit-fils du fameux roi Sejong (règne 1418-1450).

Yi Chong (1541-1626), Bambous sous la pluie, Corée, époque Choson, 17e siècle, encre sur toile, achat, 2000, avec l’aide du Fonds du patrimoine, MA 6848