Cette bouteille constitue un témoignage intéressant et rare de la céramique des Yuan, il n’existe effectivement que deux autres pièces semblables, dont une au palais impérial de Pékin. Le galbe épuré à l’épaule généreuse, au pied étroit, et son revêtement uni sont fidèles aux critères esthétiques traditionnels des Song (960-1279). Un dragon appliqué à l’engobe finement rehaussé d’incisions, entoure la panse de la pièce ; le museau effilé, le long cou sinueux terminé par une petite tête, l’arête dorsale et les pattes à trois griffes sont caractéristiques des Yuan, tout comme l’est la présence d’un cobalt bleu intense. Ce vase était probablement destiné à un usage officiel.

La forte teneur en kaolin de la porcelaine permet la cuisson à 1350°c et l’obtention d’un corps solide à tesson coupant, d’un blanc très pur. Le cobalt, l’un des seuls pigments avec le rouge de cuivre et le rouge de fer, pouvant résister à de telles températures, impose alors le bleu comme la couleur par excellence de ce support. A Jingdezhen, les porcelaines blanches offrent un revêtement onctueux, les ressources exceptionnelles de ce site, à la fois riche en kaolin et proches des ports du sud, vont constituer des facteurs déterminants pour son essor futur.

L’époque Yuan est celle du développement de la céramique d’exportation à destination du Sud-Est asiatique, du Japon, et du Proche-Orient. Les Mongols vont amplifier la densité économique de cette production et créer de façon inédite au XIVe siècle, une concentration d’entreprises ainsi qu’une organisation rationnelle du travail. La rencontre du bleu de cobalt et de la porcelaine donnera naissance à une technique célèbre qui occasionnera un développement nouveau à la céramique chinoise, qui deviendra une sorte d’emblème national.