L’image de deux bouddhas assis côte à côte illustre un chapitre d’un texte éminent du bouddhisme mahayana, le Sutra du Lotus de la Bonne Loi.

Il conte comment dans les temps passés, un bouddha du nom de Prabhutaratna avait formulé le vœu de pouvoir entendre ce Sutra du Lotus de la Bonne Loi, afin d’être parfaitement éveillé. Quand Shakyamuni s’apprêterait à prêcher ce sutra, il émettrait de son urna (loupe de poils entre les sourcils) un rayon de lumière qui dévoilerait aux myriades de créatures les bouddhas de la totalité des mondes, venus écouter sa prédication. Afin que Prabhutaratna puisse l’écouter, un stupa surgirait et s’élèverait dans le ciel au-dessus de l’assemblée. Shakyamuni l’ouvrirait alors révélant la forme corporelle de Prabhutaratna à tous les auditeurs de toutes les directions de l’espace. Alors il s’assiérait sur le trône à côté de Prabhutaratna pour prêcher le sutra. 

Les Bouddha Shakyamuni et Prabhutaratna, illustration du Sutra du Lotus de la Bonne Loi, Chine septentrionale (province du Hebei), dynastie des Wei du Nord (386-534), 3e année de l’ère Xiping : 518, achat, 1925, EO 2604

On peut voir dans l’évocation de cette lumière transcendante censée illuminer la totalité des mondes pour y révéler à toutes les créatures, par-delà le temps et l’espace, la Loi bouddhique, une promesse d’universalité chère au bouddhisme mahayana. Mais cette lumière émanant de Shakyamuni est aussi intrinsèque à sa nature de Grand Homme, et plus encore à celle de Bouddha, qui a atteint la lumière rayonnante de la Connaissance suprême ou l’Illumination.

L’or dont sont revêtues ces deux images de bouddha, comme celle de tout bouddha, est alors la traduction formelle de la lumière irradiante que Shakyamuni offre ici à un triple titre, celui de sa nature, de son état d’Éveillé et de l’épisode du Sutra du Lotus invoqué.