Cette sculpture, à la tête légèrement inclinée au buste de trois quarts, représente un jeune homme tenant des fleurs dans un pan de son vêtement. Son visage au profil élégant, au front haut, aux joues pleines, à l’ovale arrondi, est encadré d’une chevelure libre et bouclée, et atteste d’influences venues du Nord-Ouest de l’Inde. Cette figure de deva ou encore de génie, illustre parfaitement ce renouveau hellénisant combiné à une plastique résolument indienne, typique des stucs dégagés sur le site de Hadda ; ce style complexe est caractéristique de l’éclectisme de cette école afghane qui reprend le style du Gandhâra. Cette sculpture faisait autrefois pendant à une autre, et rendait hommage à un grand Buddha en lui lançant des fleurs.
Elaborée selon une technique de statuaire en stuc qui proviendrait des ateliers gréco-romains d’Alexandrie, cette divinité se détachait du mur, passant d’un bas-relief à peine suggéré au haut-relief presque total, reprenant ainsi un procédé illusionniste hérité de la Grèce et utilisé en Bactriane dès l’époque Kouchane.
Ce personnage provient d’une niche qui ornait la cour de l’un des deux stupâ édifiés dans l’enceinte du Monastère de Tapa-Kalan à Hadda, lieu de pèlerinage renommé. Ces monastères étaient constitués de plusieurs cellules et de cours intérieures au milieu desquelles se dressait un stupâ. Les parois des sanctuaires étaient abondamment ornées d’épisodes de la vie du Buddha, où de nombreux personnages aux attitudes variées figuraient des divinités annexes, dont le célèbre « Génie au fleurs ». Le réalisme exceptionnel de cet art évoquant les divers types ethniques du Nord-Ouest de l’Inde, la qualité du modelé des visages ainsi que le raffinement délicat de cette école, justifient pleinement la place prééminente qu’occupe Hadda parmi les différents ateliers « gréco-bouddhiques ».