Bâton rituel à tête de mort

Monde himalayen
Tibet, 16e-17e siècle
51,00 x 7,00 cm
Fer, cuivre doré, ivoire
Bâton rituel à tête de mort
Légende

Photo © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Le bâton à tête de mort (tibétain thod-dbyug – sanskrit kapaladanda) est l’un des symboles du caractère éphémère et de la vacuité ultime de toute chose.

Les objets rituels du bouddhisme tibétain reflètent la complexité des cérémonies au cours desquelles les religieux les utilisent, tout en récitant des formules sacrées (mantra) et en accomplissant des gestes symboliques (mudra). Les matériaux (métal, bois, cristal de roche, ivoire, os, etc.) sont aussi diversifiés que les formes ; et les finalités auxquelles leur utilisation permet d’atteindre apparaissent à la fois effrayantes dans les modalités d’usage et porteuses d’espoir dans les effets produits.

Que l’on soit moine ou laïc, l’accès à l’Illumination est un difficile combat ; les instruments rituels jouent un rôle essentiel dans le cheminement spirituel du pratiquant. Guidé par un maître, et en se fondant sur la connaissance et la maîtrise progressive des tantra – ces textes concernant la nature véritable et le sens caché de l’existence phénoménale de toute chose –, l’aspirant se forme aux préceptes symboliques liés à tel ou tel dieu, notamment par la méditation ou le yoga. Dans ce contexte, il est accompagné et soutenu par la puissance inhérente aux objets qu’il manipule, réellement ou par la pensée. Ces derniers sont empreints d’un riche symbolisme à multiples niveaux d’interprétation : extérieur, intérieur et secret. Seule une initiation correctement menée et reçue permet d’en réaliser toute la puissance salvifique.

Parmi les objets les plus remarquables figurent des armes contondantes, perforantes ou tranchantes grâce auxquelles l’intention compassionnelle animant leur utilisateur dans l’acte symbolique de « tuer » va libérer la « victime » des facteurs mentaux négatifs l’empêchant d’accéder à l’Éveil.

Le bâton rituel à tête de mort (tibétain thod-dbyug – sanskrit kapaladanda) est l’un des symboles du caractère éphémère et de la vacuité ultime de toute chose. Destiné à subjuguer les esprits malveillants des Trois Mondes, il est l’attribut par excellence du dieu gShin-rje (sanskrit Yama), souverain des enfers et juge des morts, qui le brandit en tant que sceptre de pouvoir mais aussi agent d’anéantissement des forces démoniaques. La tête de mort, ici exceptionnellement taillée dans de l’ivoire, confère à cet objet un caractère particulièrement expressif.

 

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