Lors de leurs déplacements, les empereurs Moghols (1526-1765) faisaient ériger des campements provisoires ; ce type de panneau, appelé qanât, juxtaposé à d’autres, devait former une sorte d’écran de tissu, délimitant les différentes parties du camp. Le décor était peint sur leur face interne ou externe. C’est par le biais de la miniature moghole que l’on saisit le mieux leur utilisation et l’évolution de leur ornementation.

Ce panneau de tente est orné d’un décor floral qui s’inscrivait à l’origine sous une arcature polylobée (ici manquante). Les fleurs d’un rouge éclatant, tantôt épanouies, tantôt à peine écloses ou en boutons, semblent s’apparenter à celles des pavots. Dans la partie inférieure, les deux petites plantes entourant la longue tige du motif central qui émerge d’une touffe d’herbe, sont difficile à identifier. Le fond écru (jauni par le temps) est parsemé de petits motifs en forme de nuages, certainement inspirés de l’art persan mais qui trouvent néanmoins leur origine en Chine. L’influence de l’islam se retrouve aussi dans la bordure inférieure du panneau où des fleurs stylisées s’entrelacent avec des arabesques sur un fond rouge. Les contours des fleurs semblent avoir été imprimés au bloc en rouge ; l’artiste appliquait ensuite, les mordants à l’intérieur de ceux-ci avant d’apposer la teinture rouge. Quant aux feuilles et aux branches, elles semblent avoir été peintes à la main.