La calligraphie en Chine et au Japon

La calligraphie est un art qui associe la forme des signes et le sens des mots au geste de l’artiste. Elle fait autant appel à la connaissance et au respect des règles classiques de l’écriture qu’à la personnalité et à l’état d’âme de son auteur. Elle est considérée, en Chine et au Japon, comme l’art par excellence

De simple medium de l’écriture, l’encre, par sa forme et son décor est devenue l’un des symboles de la culture lettrée. L’encre, comme les autres trésors du lettré, était avant tout appréciée en fonction de sa valeur d’usage. C’est en la délayant sur la surface de la pierre à encre et en l’appliquant sur le papier ou la soie au moyen du pinceau, que l’on pouvait en déceler ses qualités : dure et brillante dans la main, sombre et onctueuse sur la pierre, sans coller au pinceau elle se dépose sur le papier sans fuser.

La calligraphie en Chine

Les arts du pinceau que sont la calligraphie et la peinture sont parfois désignés sous les appellations respectives de « traces d’encre », moji, ou de « jeux d’encre », moxi.  Appliquée directement au pinceau sur du papier ou de la soie, associée ou non à la couleur, l’encre est une matière commune à tous les genres de peinture et d’écriture. Sa valeur primordiale est confirmée par la tradition critique chinoise qui est fondée sur le trait de pinceau et les nuances de l’encre. Un précepte hérité de l’historien de l’art Zhang Yanyuan (actif au 9e siècle) indique en effet que de l’encre procèdent tous les effets de la palette.

Dès lors, les peintres chinois se sont attachés à définir les valeurs de l’encre en fonction de leur caractère plus ou moins sombre ou léger, sec ou fluide. Ainsi dans son traité du paysage le grand maître de l’époque des Song, Guo Xi (1020 ? - 1090), distinguait sept nuances d’encre et huit sortes de traits de pinceau. Pendant près de dix siècles, toute l’histoire de la peinture chinoise a été modelée par des conceptions renouvelées du travail de l’encre et fondées sur une maîtrise de la calligraphie, l’art de l’écriture.

Hotei figuré par ses attributs (le sac, le bâton, l'éventail)

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris)

Hotei figuré par ses attributs (le sac, le bâton, l'éventail)

Le Shodo, la voie calligraphique japonaise

Héritier de la calligraphie chinoise introduite au Japon au 5e siècle, le Shodo (voie calligraphique) est considéré comme l’un des plus prestigieux arts visuels de ce pays. Il occupe une place fondamentale dans l’histoire de l’art du Japon, où la peinture, fille de la calligraphie, exige la même maîtrise du trait et exalte l’espace.

 

Photo (C) RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris)

Discipline rigoureuse du corps, mariage du papier et de l’encre plus ou moins diluée, la calligraphie japonaise apparaît paradoxalement comme un art de l’instant, où le geste ne laisse place à aucune hésitation, aucun repentir n’est permis. Ce geste doit donc être assuré, le trait unique ; l’harmonie résultant de la maîtrise de ces deux éléments. La sérénité doit conduire le pinceau, traduisant l’inconscient le plus profond, en lien avec les sens et les émotions du Maître. Voilà qui intègre la calligraphie dans la quête d’une voie. Elle est considérée comme le septième art martial : le geste ressemblant au jaillissement libre et immédiat du sabre, ou encore à la liberté de la flèche tirée sans effort.

 

Cette discipline s’est perpétuée tout au long du 20e siècle et compte aujourd’hui de nombreux pratiquants, en Chine comme au Japon, L’apprentissage de la calligraphie est aussi une discipline obligatoire enseignée aux élèves dans les écoles japonaises. Parmi les calligraphies les plus représentatives des tendances contemporaines sept catégories émergent :

Les caractères chinois, kanji, inclut les œuvres composées de trois caractères sino-japonais au moins.

Les calligraphies de grands caractères, daijisho, se limitant à un ou deux caractères, de grand format.

Les syllabaires japonais, kana, qui dérivent des caractères chinois – apparus à l’époque de Heian (794-1185) au Japon. Ce genre se rapporte à la poésie (waka, haïkus) ou à la prose japonaise.

Les poèmes modernes, kindaishibunsho, utilisant toute l’étendue des signes de l’écriture japonaise, kanji, hiragana, katakana, mais parfois aussi des écritures étrangères.

La gravure sur sceau, tenkoku, qui utilise principalement la pierre, gravée en saillie ou en réserve d’un ou plusieurs caractères dans le style dit sigillaire. Le sceau est alors imprimé sur du papier.

Les caractères gravés, kokuji, sur du bois ou du bambou, en creux ou en relief, avec applications, parfois, de feuille d’or ou de pigments.

La calligraphie d’avant-garde, zen.ei, qui tend vers une expression libre et abstraite.

Mieux nous connaître