L’œuvre, en cuivre presque pur, est constituée de deux parties : la statuette, creuse, et le socle, formé de deux rangées de pétales de lotus stylisés, au décor plus élaboré à l’avant qu’à l’arrière.

Au-dessous, la plaque de fermeture a disparu, laissant entrevoir une partie du dépôt de consécration que contenait l’œuvre ; il s’agit d’un rouleau de papier, comportant à l’extérieur une inscription rédigée en tibétain à l’encre noire. Le visage et le cou conservent des traces d’une couche d’or en poudre, et les traits étaient rehaussés de polychromie.

Assis jambes croisées en méditation, le regard concentré dirigé vers la pointe du nez, le Bienheureux, esquissant un sourire, soutient son bol à aumônes de la main gauche placée dans le giron. Ce bol est réalisé ici en argent et comporte une bordure dorée. Le Bouddha effectue de l’autre main le geste de la prise de la Terre à témoin (bhumisparshamudra). Cette iconographie fait allusion au célèbre épisode au cours duquel il attesta victorieusement sa volonté inébranlable d’enseigner au monde, face aux assauts de Mara, le démon tentateur, représentant aussi la mort et l’illusion, qui règne dans le domaine des désirs.

Le vêtement d’ascète que porte le Bouddha est formé de carrés de tissu cousus ensemble, formant une sorte de patchwork évoquant les rizières du Magadha, en Inde du Nord, selon les textes. Ces derniers précisent qu’ils provenaient de morceaux de linceuls recueillis sur les lieux de crémation, ou de vieux vêtements offerts par la communauté des laïques au Bouddha et aux moines. Néanmoins, ces guenilles, symbole de renoncement, ont été transformées par l’artiste en un drapé somptueux et raffiné, orné de motifs floraux stylisés, incisés, tel que l’art du Tibet ancien en a souvent produit pour évoquer la royauté spirituelle du Bienheureux, à travers des représentations sculptées et peintes. Un pan du tissu est rejeté derrière son épaule gauche, tandis que la partie inférieure de celui-ci est disposée en un double éventail sur le socle. Un foudre-diamant (vajra), symbole d’Illumination, apparaît à l’avant du socle. Cet objet rituel, qui occupe une place majeure dans le bouddhisme ésotérique, est également associé au Bouddha de l’Est, Akshobhya. La cassure que forment les plis du vêtement à la hauteur des genoux est une particularité rare. Quant à la forme dite « à godrons » des pétales de lotus, elle est dans l’art tibétain caractéristique des 15e et 16e siècles.